No Pasaran!

A.I.T.

De nombreux partis européens sont ouvertement xénophobes, machos et homophobes (et ultra-libéraux), ce qui augure mal de l’avenir si nous baissons les bras et laissons faire.

Nous sommes entrés pleinement dans la vague réactionnaire qui inonde les parlements en Europe de la Hongrie à l’Italie, en passant par la Suède, la Pologne, l’Espagne ou la France : nous connaissons déjà  Le Pen, Salvini ou Akesson (l’artisan de la « dédiabolisation » de l’extrême droite suédoise) dans la figure de Santiago Abascal (Le magazine Le Point rapproche Santiago Abascal de Marine Le Pen, Viktor Orbán, Frauke Petry, ou Geert Wilders, qui seraient ses inspirateurs), un déserteur du très catholique  Parti populaire espagnol, fondé par un ensemble de ministres de la dictature fasciste et parents de la Constitution de 78. À côté d’Abascal, un amalgame de marquises, de promoteurs immobiliers, d’opportunistes et de descendants des élites espagnoles…

Le capitalisme, étant donné l’impossibilité de contrôler la prochaine crise économique récurrente du système, a choisi de se passer de son masque démocrate et de retourner à ses voyous pour discipliner les travailleurs. En Amérique latine, nous le constatons avec la brutalité policière au Chili et en Équateur ou le contrôle exercé par les oligarchies au Brésil et en Bolivie. Alors qu’en Europe, le discours fasciste a été normalisé et accepté car il n’avait pas été vu depuis des années, sauf de manière négligeable.

Mais ne nous leurrons pas, le fascisme n’est pas soudainement apparu comme un art de la magie. C’est la conséquence de décennies de politique néolibérale et de la complicité de la social-démocratie. Le fascisme a été créé dans la construction de la forteresse Europe qui a transformé la Méditerranée en une tombe commune, tuant par milliers des migrants épuisés dans la mer. Ces morts se banalisent. Pire, les fascistes les justifient et acquiescent.

En Espagne, Il convient de noter que la montée du fascisme parlementaire explicite (Vox) a coïncidé avec l’arrêt de la Cour constitutionnelle qui soutient le licenciement en cas de congé justifié. Jugement qui rejoint le refus d’abroger la réforme du travail. Tout se passe comme si les temps eux-mêmes nous mettaient en garde contre l’offensive capitaliste autoritaire qui vient mettre de l’ordre dans la crise systémique et institutionnelle de la démocratie espagnole. En France, Macron se fait le chantre de la démocratie dans un costume taillé sur mesure d’opposant à Marine Le Pen mais continue sa politique libérale qui détruit petit à petit les acquis/conquis sociaux tels les retraites. Cette même politique alimentant la montée de l’extrême droite. Macron est un pompier pyromane de la montée de la droite extrême. Tant que les élites jugeront que les travailleurs ne représentent pas un danger pour leurs profits et intérêts, elles continueront à soutenir la Macronie. Si un mouvement social d’ampleur menaçait son existence, les élites notamment patronales, changeraient leur fusil d’épaule et se rallieraient à l’extrême droite qui se porterait garante de leurs intérêts.

En Espagne, l’exhumation du dictateur fasciste  avec presque les honneurs en tant que chef de l’État effectuée par un gouvernement social-démocrate plus de quarante ans après la fin officielle de Franco, et retransmise en direct à la télévision, plutôt que de réparer les blessures et de réparer les injustices, est une métaphore de la continuité du régime sous son aspect le plus spectaculaire, où la police a escorté un fasciste reconnu comme Tejero et personne ne se souvenait des milliers d’antifascistes, notamment anarcho-syndicalistes, qui sont enterrés dans le monument à la gloire d’une dictature qui ne finit pas de partir.

Nous vivons dans des Etats de plus en plus autoritaires et où il est de plus en plus difficile d’exercer des droits fondamentaux tels que le logement, une vie et une retraite dignes ; où la spéculation, les fonds vautours et les expulsions frappent la classe ouvrière, la liberté d’expression, le droit à la santé ou les conditions de travail décentes. Où les femmes doivent également faire face à une nouvelle réaction patriarcale qui cherche à éliminer leur droit de décider de leur corps, soit du côté conservateur en réduisant le droit à l’avortement au minimum ou en tentant de le supprimer, soit du côté néolibéral qui cherche à commercialiser leur utérus.

Nous devons faire maintenant avec la forte présence de partis xénophobes qui ont de fait le soutien et la compréhension de facto des médias, des institutions et d’hommes d’affaires, qui ont blanchi et normalisé leur discours et leur présence dans la vie publique, des partis qui ont une forte présence parmi les forces répressives de l’État. En France certains rêvent qu’on ne puisse plus filmer les exactions des policiers lors des manifestations ou d’interpellations. D’autres comme Marine Le Pen demande que les militants ou manifestants « d’ultra-gauche » soient considérés comme des terroristes. Avec la vidéo surveillance et une justice à deux vitesses, nos espaces de liberté se réduisent comme peau de chagrin.

Une répression institutionnelle qui va sans aucun doute enhardir tous les éléments les plus réactionnaires comme nous l’avons vu dans l’augmentation des agressions contre les migrants, les femmes et les collectifs LGBT. Agressions physiques et verbales, menaces et intimidations qui ont pour objectif de cibler les plus défavorisés et les plus fragiles de notre société tels que les travailleurs sans papiers, ainsi que le mouvement féministe et tous les autres mouvements sociaux.

Pour ces raisons, nous devons dénoncer la dérive fasciste de nos sociétés européennes ; car nous devons l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

Nous n’attendons rien des institutions.

Le fascisme n’est pas une opinion, c’est un crime.

No pasaran !