Mère Marie Ferreol, Pontcallec et les tradis

Abbé Berto Pontcallec et orphelins

Les tribulations de mère Marie Ferreol

Dans le tradiland religieux, on n’est jamais déçu. Les dominicaines du Saint-Esprit exercent leurs talents essentiellement à Pontcallec (près de Plouay, Berné et Kerchopine) dans le Morbihan (56) et à l’école Saint-Pie-X à Saint Cloud (Hauts de Seine) connue pour avoir scolarisée Marion Maréchal-Le Pen et quelques figures de la Manif pour tous.

Point question pour nous autres libertaires d’apporter un quelconque soutien à Sabine Baudin de la Valette, de son nom de religieuse mère Marie Ferreol. A Pontcallec, toutes les sœurs se font appeler mère Marie machin. Bref, cette religieuse a été virée sans préavis de Pontcallec où elle enseignait. Une vie consacrée à Dieu puisqu’elle était dans la communauté catholique depuis 34 ans. A ce titre, qu’elle n’espère pas de compassion de notre part. Ce qui nous intéresse en la matière, c’est la manière de procéder à son exclusion de l’ordre. Nous n’entrerons pas dans les problèmes de personnes, de clochers ou de théologie, notamment à propos de la lecture de Saint-Thomas d’Aquin…qui sembleraient être à l’origine de sa mise à l’écart par les autorités ecclésiastiques. Même le pape a récemment rejeté la supplique de Marie Ferreol ; enfin l’a-t-il lue ? Nous nous intéresserons plutôt à la manière de procéder de toutes ces personnes qui se réclament de la charité chrétienne et qui n’ont aucune pitié vis-à-vis d’une des leurs. Dieu reconnaîtra les siennes.

A la Toussaint 2020, Marie Ferreol doit quitter impérativement et dans l’instant, Pontcallec, pour être assignée à résidence à l’abbaye de Solesmes dans la Sarthe. Interdiction de prévenir ses proches, de dire au revoir à ses coreligionnaires du château…des méthodes qui laissent à désirer. Est-ce cela la justice divine ? Ses proches, n’ayant aucune nouvelle d’elle ont déposé deux plaintes à la gendarmerie pour connaître le lieu où était recluse la pestiférée. Actuellement, la recluse est assignée à l’abbaye de Randol dans le Puy de Dôme.

Marie Ferreol aurait commis une faute grave ; le problème, c’est qu’elle ne sait pas laquelle. Serait-ce que le droit canonique se situe au-dessus des lois du commun des mortels ? Pour la religieuse, la sanction va plus loin puisqu’elle est interdite de toute vie communautaire. Les prêtres pédophiles sont parfois davantage soutenus et couverts. Quant à Sodoma, n’en parlons pas. Le libertaire a déjà rédigé une chronique sur le sujet. La messe est dite ; ite missa est, puisque nous sommes chez les tradis (rien à voir avec les baguettes du même nom). Les tradis forment des latinistes et des gens de lettres. Pas de préparation au bac scientifique ; c’est vrai que la science et la religion ne font pas bon ménage.

Les Dominicaines du Saint-Esprit ont officiellement obtenu leur label du Saint-Siège en 1964 et s’occupent aujourd’hui de cinq écoles, à Nantes, Saint-Cloud, Épinal, Draguignan… et Berné. Les écoles sont non mixtes et hors contrat. Ce sont souvent des filles de « bonnes familles » qui y sont scolarisées. Les dominicaines sont elles-mêmes, dans l’ensemble, issues de familles aisées. Elles sont de même plutôt diplômées (Khâgnes/Louis Legrand à Paris et maîtrise d’histoire médiévale pour Marie Ferreol par exemple). Comme quoi, intelligence, diplômes et rationalité ne font pas toujours bon ménage. Les voix du seigneur sont impénétrables.

Du temps de l’abbé Berto, Pontcallec était un orphelinat pour garçons. Le père Berto était un fervent partisan de l’Action française et criait « vive le roi » quand il votait à Berné. Mort en 1968, Berto est soupçonné bien plus tard de pratiques d’«intrusion psychospirituelle exercées sur certaines novices » (cf Le Monde du 27 mai 2021). C’est peut-être cette dénonciation qui vaut aujourd’hui, finalement, à Marie Ferreol d’être victime d’une chasse aux sorcières. Il ne faut pas toucher à la figure tutélaire de l’abbé Berto (surtout si on y ajoute des querelles autour d’exorcismes illicites…)…Sacré conducteur, par ailleurs, qui en a écrasé des poules sur les routes bretonnes. La limitation de vitesse n’était pas pour lui. L’orphelinat de Pontcallec, au milieu d’une forêt, près de la vallée du Scorff. Un endroit idyllique pour les promenades. Par contre dans les années soixante, c’est une éducation à la dure qui est dispensée : sabots de bois aux pieds, culottes courtes l’hiver, cheveux tondus, châtiments corporels pour ceux qui sortent des sentiers battus (fugues…). Par exemple, quand des fugueurs étaient ramenés par des gendarmes à Pontcallec ou revenaient d’eux-mêmes tenaillés par la faim, les contrevenants recevaient une correction au martinet et les  « bonnes » sœurs rassemblaient tous les orphelins, au silence complet, afin qu’ils entendent les pleurs et parfois les cris de ceux qui se faisaient « corriger ». Tout cela pour l’exemple, pour éviter d’autres fugues…Et ce conditionnement, cet endoctrinement religieux : prière avant de manger, avant d’entrer en classe…les vêpres tous les dimanches…L’abbé Berto était très copain avec Monseigneur Lefèvre, figure de l’opposition au concile de Vatican II qui fonda en 1970 la Fraternité Saint-Pie-X et le séminaire international d’Écône, créés pour former des séminaristes en vue de la prêtrise. En 1988, Marcel Lefèvre est excommunié pour avoir sacré quatre évêques traditionalistes sans l’aval de Rome. Les excommunications qui pèsent sur ces évêques ordonnés illégalement sont levées en 2009…L’église, faute de vocations et de troupes, se rabiboche.

Chez les tradis, la politique n’est jamais loin. En 2019, c’est la sœur de Nicolas Bay, mère Marie de Saint-Charles, qui devient la nouvelle prieure générale de Pontcallec. Nicolas Bay, c’est celui qui a pris une veste lors des dernières élections régionales de juin 2021. Tête de liste pour le R.N.de Normandie, il a fait moins de 20%, ce qui avec le taux d’abstention, les votes blancs, ceux qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales, n’est guère brillant.

Quant à la communication sur cette affaire Marie Ferreol qui fait du bruit dans le landernau religieux, elle est confiée à Mère Marie de Saint-Martin à l’école Saint-Pie-X de Saint-Cloud, religieuse qui n’est autre que la fille cadette de Philippe de Villiers. Mère Marie-Madeleine, une autre fille de De Villiers, prend en charge la communication pour Pontcallec. Quand on vous dit que les religieuses ne s’occupent pas que du spirituel.

Mais à l’origine de Pontcallec, il y a Fescal, entre Péaule et Marzan, pas très loin de la Roche-Bernard. Grâce à un don de l’évêché, l’abbé Berto acquiert en  septembre  1938, une bâtisse avec un jardin et un peu de terre, à Fescal, pour s’occuper d’orphelins. Le 20 décembre 1955, le Foyer de garçons Notre-Dame de Joie et les Dominicaines du Saint-Esprit quittent Fescal pour Pontcallec. Donc, de nombreux orphelins sont passés par Fescal et plusieurs sœurs avant d’œuvrer à Pontcallec oeuvrèrent à Fescal avec l’abbé Berto. Viscéralement anticommuniste, Berto donna sa bénédiction aux orphelins qui s’engagèrent en Indochine avant 1954.

A l’époque, la majorité était à 21 ans, mais pour aller se faire trouer la peau en Indo, la majorité passait à 20 ans. A Fescal, il y avait une discipline de fer donc les orphelins étaient déjà habitués à la collectivité et la vie dure. Ils s’engageaient et gagnaient donc une année d’orphelinat  avant parfois de perdre leur vie. De plus, la situation de l’emploi en Bretagne n’était pas des plus reluisantes après la Seconde Guerre mondiale. Et les engagés touchaient une prime conséquente pour l’époque. Donc l’engagement était une option des plus pratiques pour des orphelins qui n’étaient attendus nulle part. Au moins, leurs familles ne les pleureraient pas. Tous les orphelins ne s’engagèrent pas, bien sûr, mais en nombre quand même.

D’ailleurs, un historien pourrait s’intéresser au nombre d’orphelins qui se sont engagés lors de cette Guerre d’Indochine. L’Etat avait moins de compte à rendre à l’époque, surtout pour une guerre qu’on savait perdue d’avance. Gauche-Droite, tous les politiciens en vue juraient qu’il fallait garder les colonies…Foutus politiciens ! Qu’on retrouvera pour certains lors de la Guerre d’Algérie. Mais là, c’est une autre histoire.

Patoche (GLJD)