Luc Lemonnier, maire du Havre: construisons des Ehpad pour nos aînés

Proudhon

En avril 2017, Edouard Philippe, alors maire du Havre, commentait l’actualité des Ehpad : « Répondre aux enjeux de la dépendance et du grand vieillissement est une promesse de campagne que nous concrétisons aujourd’hui en posant les fondations d’équipements modernes et adaptés aux besoins des personnes âgées dépendantes ». On apprend par ailleurs que le GHH reste l’organisme spécialisé dans les soins et le Centre gériatrique Desaint-Jean devient la structure publique d’accueil des personnes âgées dépendantes avec 664 lits. C’était beau : des locaux neufs, des équipements modernes…

Si on constate un regroupement des EHPAD du territoire havrais sous une même structure publique autonome, il n’en demeure pas moins que les besoins de lits sont criants et ont été sous-estimés depuis des années. De nombreux Havrais ne trouvent toujours pas de places en Ehpad. Pour obtenir une place, c’est le parcours du combattant : dossiers, mails, coups de téléphone. Les Aidants sont épuisés et nos aînés se trouvent dans des situations d’urgence non prises en compte.

De curieux échos nous parviennent : une assistante sociale de Monod qui aiguille des patients en Ehpad privé à 3500 euros le coût mensuel sans vérifier les capacités financières de la famille…Des médecins de l’hôpital qui indiquent que le service public n’a plus les moyens et que dans ce cas, le service public de soins est une mascarade. Des couples de personnes âgées qui ont vécu une soixantaine d’années ensemble se retrouvent séparés. Est-ce vraiment cela, la société humaine que l’on recherche pour nos aînés ? Est-ce cela un bon fonctionnement du service public ? Et demain, si l’on n’y prend garde, la situation sera pire. Les Ehpad à but lucratif cloisonnent à nouveau la société entre riches et pauvres. Après une vie inégalitaire, l’inégalité à la veille de la mort demeure et s’accroît. La retraite moyenne d’un Français est de 1300 euros. Sachant qu’une place en Ehpad public ou associatif coûte en moyenne 2000 euros par mois, qui va payer la différence en cas de demande d’aide sociale : les enfants (obligés alimentaires), bien souvent eux-mêmes retraités avec des moyens amoindris. Et comme il n’y a pas de place en Ehpad publics au Havre, ville sinistrée à plus d’un titre, il faut se tourner vers les Ehpad privés à 3500 euros, le mois. On vous demande à l’entrée une caution de 25000 euros ! Mission impossible pour des gens qui ont pourtant travaillé toute leur vie. C’est une véritable guerre sociale.

Alors quand on lit dans le journal Le Monde des 9 et 10 septembre, un article « Cimetières et mauvaises herbes » (au Havre), on a plutôt envie de dire que nous sommes du côté de la vie et gardons notre énergie pour défendre les plus fragiles, notamment les personnes âgées à qui on a demandé de se retrousser les manches après la guerre. La situation qui est faite à nombre d’entre-elles ne récompense guère les efforts fournis. A nos morts, à nos anciens, la patrie reconnaissante ! Cela n’engage pas à croire aux promesses des gouvernements…Il y a longtemps que nous sommes vaccinés contre les bobards des maires, des députés et des gouvernements. Alors le zéro pesticide dans les cimetières, c’est peut-être un objectif de la mairie du Havre, notre objectif est plus noble, c’est celui de s’occuper des vivants, non des morts. Et ceux qui ont survécu aux guerres méritent notre respect tout autant que ceux qui sont alignés dans les carrés militaires, bien entretenus, eux. Militaires qui sont souvent morts pour des guerres qui n’étaient pas les leurs. On croit mourir pour la patrie et on meurt pour des industriels…

Alors, monsieur le maire du Havre, encore un effort à faire pour créer des Ehpad avec du personnel qualifié et en nombre suffisant. Nous le devons bien à nos aînés !