Lubrizol et Cie : défendre notre santé, nos retraites, notre pouvoir d’achat, le climat…

Au pays des merveilles

Lubrizol et Cie : défendre notre santé, nos retraites, notre pouvoir d’achat, le climat…

Près de trois millions de Français vivent à proximité d’un site Seveso, la plupart des personnes habitant dans la vallée de la Seine entre Le Havre et Rouen sont logées à cette enseigne. Idem pour le Bassin parisien,  Lyon,  Marseille et Lille…

Non seulement, les sites Seveso sont situés près de zones très peuplées mais encore les autorités continuent de délivrer des autorisations pour construire des logements dans certaines communes implantées pourtant à côté de zones classées Seveso seuil haut. Certains maires entendent engranger davantage de taxes d’habitation et foncières. Une ineptie et une vision à court terme. La preuve par Lubrizol. Sans compter nos amis des gens du voyage qui « bénéficient » toujours de terrains relégués dans des coins pas terribles et de temps à autre près de zones classées Seveso, avec des bâtisses de confinement pas encore opérationnelles à ce jour. L’incendie de Lubrizol va sans doute accélérer les mises aux normes.

Dans le cas de l’usine susmentionnée, l’incendie a mis au jour une baisse récente des contraintes qui pèsent sur les industriels. Ce fut le cas pour Lubrizol qui a obtenu en janvier et en juin dernier deux demandes d’extension de ses possibilités de stockage de produits classés dangereux. Ces derniers n’ont pas été soumis à une évaluation des risques et l’autorisation a été donnée par la Préfecture de Seine-Maritime qui ne doit pas être dans ses petits souliers. Du coup, certains spécialistes avancent le chiffre non plus de 5000 tonnes qui ont brûlé mais 9000 t avec les produits stockés dans l’entreprise mitoyenne, Normandie Logistique. De quoi faire bondir l’inquiétude et la colère des Rouennais et de tous ceux et celles qui ont été impactés par la pollution des suies et autres combustions. Ce qui a brûlé chez Normandie Logistique est à ce jour peu clair : bauxite, gomme arabique ?. C’est grâce aux entourloupes industrielles que certaines entreprises accroissent leurs capacités de stockage en utilisant d’autres entrepôts de proximité…non classés Seveso.

Les amendes infligées aux industriels en cas de manquement à la sécurité sont dérisoires et n’incitent pas ces derniers à investir davantage dans la sécurité ; c’est donc indirectement un permis de polluer qui est donné au gros patronat. Cependant de nombreux citoyens se rebiffent et une centaine d’entre eux ont décidé de saisir la justice et la juge des référés du tribunal administratif de Rouen a mandaté un expert pour constater les conséquences environnementales de l’incendie. Verdict le 31 octobre 2019. Le capitalisme est globalisé et les salariés ont tout intérêt à globaliser leurs luttes.

Les travailleurs vont devoir se battre sur plusieurs fronts : celui de la sécurité au travail, le climat, la santé, la défense des retraites et le pouvoir d’achat.

Pour l’instant l’Etat réprime comme jamais la révolte des gilets jaunes mais il n’a rien résolu quant à la crise sociale, aux inégalités criantes. Surfant sur la mentalité « techno » de ses amis, Macron entend mettre au goût du jour une retraite à points, ce qui induit une méconnaissance du montant de sa retraite quand un salarié voudra l’obtenir et une individualisation des retraites. Le système des retraites par répartition est attaqué depuis 1953 et surtout depuis 1995, deux années où les pouvoirs en place ont dû renoncer à leurs projets néfastes. Mais comme l’Etat a de la suite dans les idées, bien aidé par des syndicats de traîtres, CFDT en tête, il a gagné en 1993, 2003 et 2008. A chaque fois, le gouvernement à l’initiative d’une réforme nous jure ses grands dieux que c’est la der de der et qu’avec leur réforme les comptes seront à l’équilibre. De période en période, des coups de rabot sont donnés. Là, Macron nous fait le coup des points et le prochain ou la prochaine nous aiguillera vers les fonds de pension…ça en sera fini de la solidarité intergénérationnelle. La parole publique n’a plus aucune raison d’être prise au sérieux.

Le corporatisme syndical handicape le «  tous ensemble », la convergence des luttes. Le libéralisme économique nous met la pression, les députés de LREM, les toutous du gouvernement, nous conduisent par leur politique vers une dictature light. Pendant ce temps, la répartition des rôles s’effectue à l’extrême droite. Marion Maréchal enfourche le cheval de bataille de l’extrême droite revendiquée avec ses valeurs traditionnelles et identitaires tandis que sa tante apparaît plutôt comme une modérée, du coup fréquentable par la droite ou certains souverainistes. La répartition des rôles marche à merveille.

Espérons que le mouvement des gilets jaunes, vert, noir et rouge…mettra quelques grains de sable pour gripper la machine et contrecarrer les manifs-ballons des syndicats pour enfin gagner au moins sur les retraites, une victoire en entraînant une autre… car la défense de notre santé, nos retraites, notre pouvoir d’achat, le climat…c’est finalement un tout pour vivre mieux.

Micka (GLJD)