Le libertaire de septembre 2022

Feminicides

Au VII ème congrès des dirigeants des religions mondiales ouvert le 14 septembre 2022, c’est encore l’athéisme qui en a pris plein son grade. Le patriarche Kirill de Moscou était absent ; certainement ne voulait-il pas rendre de compte à propos du soutien qu’il apporte à Poutine dans sa guerre contre l’Ukraine. Le dieu orthodoxe reconnaîtra les siens.

A ce congrès, il fut question de valeurs morales. Rien d’étonnant pour les religieux de toutes confessions. Les Gay prides furent visées, notamment par le métropolite Antoine, représentant Kirill ; là encore rien d’étonnant. Le pape François, rempli d’amnésie, indiqua que Dieu est paix et conduit toujours à la paix, jamais à la guerre. Nous n’avons pas la même mémoire et encore moins les mêmes références historiques.

Il ne fut pas question des problèmes de pédophilie au sein de l’église catholique ou dans certains temples bouddhistes…La morale, c’est pour les autres.

Mais plus inquiétant, Ahmed Al-Tayeb, le grand imam de la mosquée Al Azhar, au Caire, dénonça la philosophie des Lumières.  Cette autorité sunnite enfonça le clou sur le déclinisme moral, dû à la perte de repères moraux. La communauté gay, la libération sexuelle, le délitement de la famille furent pointés du doigt. Il appela à faire front contre la déliquescence de la société pour réagir ensemble :« Le danger imminent ne vient pas des différences entre religions, mais de l’athéisme». Voilà qui a le mérite d’être clair. C’est un appel à l’unité des représentants des différentes traditions religieuses contre les athées. Et le pape François dénonça les fondamentalismes et les extrémismes qui induisent le fanatisme et le terrorisme. Mais insista sur « le droit de toute personne de témoigner publiquement sa croyance ».

Toutes les religions sont bien d’accord sur l’essentiel : s’opposer et combattre ceux qui dénoncent les dogmatismes religieux, ceux et celles qui ont un esprit rationnel. Tous les religieux entendent de même occuper l’espace public pour affirmer leur foi. C’est ce que l’on appelle le prosélytisme religieux. Du côté catholique, ce sont les écoles privées et hors contrat qui fleurissent. Le droit à l’avortement est attaqué. Du côté musulman, ce sont toutes les opérations médiatiques qui consistent à pointer du doigt un faux problème pour mieux fracturer la société. Nous mettons dans cette catégorie, la lutte de certaines femmes pour le port du voile intégral ou pas, du burkini…des salafistes et d’autres qui s’implantent sous diverses dénominations. Les sectes aussi ouvrent leurs écoles. Aux Etats-Unis et au Brésil, ce sont les évangéliques qui ont le vent en poupe et sont les faiseurs de roi. Avec en toile de fond, une attaque frontale contre les droits des femmes.

Sterenn (56)

« La religion, c’est la haine semée entre les humains, c’est la servilité lâche et résignée des millions de soumis; c’est la férocité arrogante des papes, des pontifes, des prêtres.

C’est encore le triomphe de la morale compressive qui aboutit à la mutilation de l’être : morale de macération de la chair et de l’esprit, morale de mortification, d’abnégation, de sacrifice ; morale qui fait à l’individu une obligation de réprimer ses plus généreux élans, de comprimer les impulsions instinctives, de mater ses passions, d’étouffer ses aspirations ; morale qui peuple l’esprit de préjugés ineptes et bourre la conscience de remords et de craintes ; morale qui engendre la résignation, brise les ressorts puissants de l’énergie, étrangle l’effort libérateur de la révolte et perpétue le despotisme des maîtres, l’exploitation des riches et la louche puissance des curés.

L’ignorance dans le cerveau, la haine dans le coeur, la lâcheté dans la volonté, voilà les crimes que j’impute à l’idée de Dieu et à son fatal corollaire la religion.

Tous ces crimes dont j’accuse publiquement, au grand jour de la libre discussion, les imposteurs qui parlent et agissent au nom d’un Dieu qui n’existe pas, voilà ce que j’appelle «les Crimes de Dieu», parce que c’est en son mon qu’ils ont été et sont encore commis, parce qu’ils ont été et sont encore engendrés par l’Idée de Dieu.

Sébastien Faure

le Libertaire Septembre 2022