Le Libertaire de septembre 2021

Crise Sanitaire

La vaccination massive semble actuellement une voie collective essentielle  pour contrôler l’épidémie de Covid avec des effets directs attestés sur la maladie et des effets secondaires relativement faibles. La question de sa généralisation à toute la population, comme d’autres vaccins qui nous ont libérés de maladies du passé, doit être posée.

A un moment donné, en société, il peut y avoir des nécessités sociales qui surclassent la liberté individuelle, par exemple, l’arrêt ou au moins l’endiguement d’une pandémie dont le caractère exponentiel avec des variants (Delta…) peut brutalement saturer les systèmes de santé, et qui a déjà fait des millions de morts dans le monde et 115 000 morts rien qu’en France.

En prônant la vaccination générale, avec des mesures incitatives par la pédagogie et non autoritaires, le mouvement ouvrier affirmerait sa voix propre, contre les postures récupératrices, faussement pour la liberté des fachos, et celles du gouvernement faussement solidaires.

Il faut donc ne pas tergiverser et il faut se dire complètement favorable à une vaccination massive comme moyen de protection collective contre la pandémie. Une stratégie vaccinale doit être incitative et fondée sur la réalité sociale, ce qui suppose des moyens adaptés aux territoires, aux populations les plus précaires… La barrière du numérique doit être dépassée et la vaccination proposée au plus près des lieux de vie et de travail des gens, ce qui n’est pas toujours le cas actuellement. Dans tous les secteurs professionnels, elle doit pouvoir aussi se faire en relation avec la médecine du travail.

Le climat social est à l’inquiétude : une crise sociale, une crise sanitaire, une crise économique ; tous les ingrédients sont réunis pour que l’extrême droite se mobilise et se fortifie.

Surfant sur la peur, l’État en profite pour renforcer son appareil sécuritaire et répressif afin de satisfaire un électorat toujours plus droitier et conservateur, voire fascisant.

Nous considérons que la vaccination est un « bien commun de l’humanité» et refusons par contre qu’elle soit source de profit pour les capitalistes de l’industrie pharmaceutique. D’ailleurs, il est étonnant que les socialistes ne se souviennent pas de la proposition de Mitterrand de nationaliser l’industrie pharmaceutique dans son programme de 1981. Les libertaires préfèrent, eux, la socialisation de ces industries, la levée des brevets, la mutualisation des connaissances… pour produire en masse des vaccins efficaces et les diffuser égalitairement dans tous les pays car il n’y aura pas de contrôle de la pandémie à l’échelle mondiale sans cet accès aux vaccins.

Si nous sommes favorables à la socialisation de l’industrie pharmaceutique, c’est parce qu’il est intolérable que ce domaine stratégique obéisse à des logiques de recherche de profits. Les profits sur le dos de la santé des gens, leur mort…sont ignobles et ne correspondent à aucune éthique digne de ce nom.

Dans les mois qui viennent, les élections présidentielle et législative  vont nous montrer le véritable visage de la démocratie. Face à la montée des extrême-droites, les politiciens vont s’atteler à leur coller aux basques. Droite et gauche confondues  feront le concours de celui et celle qui proposera le plus de mesures restrictives et attentatoires aux libertés publiques. L’extrême droite mène le débat et les thèmes de campagne. Le choix pour les abstentionnistes actifs sera de combattre contre l’établissement d’un État toujours plus policier et réactionnaire.

Une quatrième vague épidémique est en cours, une cinquième se profile. Si nous continuons ainsi, on n’en sortira pas ou dans longtemps. Par la suite, du fait de la déstabilisation des écosystèmes et de la biodiversité, nous risquons des crises épidémiques de plus en plus violentes et fréquentes. S’il n’existe pas de solution miracle, il y a tout de même une certitude : nous devons sortir du capitalisme de toute urgence. Et ne pas considérer le communisme chinois par exemple comme une alternative. Idem pour les courants d’extrême droite en France et en Europe.

Pour protéger les travailleurs et travailleuses de la pandémie comme des effets de la crise économique, nous devons imposer d’autres choix immédiats: maintien des droits pour les chômeur·euses, hausse des minimas sociaux, refus de l’UBERisation, interdiction des licenciements, réquisition et contrôle ouvrier sur les entreprises notamment celles en faillite ou subventionnées par l’argent public…  Cela passe à terme par la sortie du capitalisme et l’établissement d’une société libertaire, égalitaire et autogestionnaire.

Une transformation sociale profonde en rupture avec le capitalisme est donc nécessaire. Ce dernier est socialement et écologiquement prédateur. A ce titre il est responsable de la pandémie actuelle par les atteintes en cours à notre environnement. Les capitalistes tentent de tirer profit de la crise pour encore accentuer leurs profits et leur poids sur nos conditions d’existence. Les anarchistes a contrario opposent au capitalisme destructeur un projet de société émancipateur basé sur l’égalité économique et sociale, la liberté, la gestion directe de la production et de sa répartition ainsi que des services publics gérés par les communes.

le Libertaire Septembre 2021