le libertaire de juillet 2018

Porte forgée

C’est reparti pour nous faire peur avec l’extrême droite. Lors des élections européennes de 2019, les populistes vont surfer sur la vague migratoire : on est envahi, on n’est plus chez nous, on ne peut pas accueillir toute la misère du monde…et comme toutes les semaines la télévision nous fait part des difficultés des migrants à franchir la Méditerranée, les Alpes…le populo commence à avoir peur. Peur de ne plus trouver de travail. Le F.N. ne disait-il pas dès 1977 : « Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés de trop ! La France et les Français d’abord ! ». Depuis plus de 40 ans, l’extrême droite laboure la terre française et abreuve ses sillons de haine vis-à-vis de l’étranger, celui qui n’est pas comme nous. Fracture identitaire, ethnique, l’extrême droite a trouvé son fonds de commerce électoral depuis quelques décennies et nous prédit une guerre civile à laquelle il faut se préparer. C’est du walking dead où les immigrés musulmans joueront le rôle des zombies. Toujours antisémite mais préférant focaliser, aujourd’hui, sa haine sur les musulmans, l’extrême droite électoraliste a calmé les ardeurs des franges radicales en leur faisant miroiter une éventuelle accession au pouvoir. Mais la dernière présidentielle et les évictions/scissions d’avec Florian Philippot ont eu raison de cette fiction. L’ex FANE, néonazie, les skinheads, au look peu flatteur, ont agrégé momentanément les mécontents d’une extrême droite jouant le jeu démocratique sur le plan de la joute électorale. Extrême droite qui refuse maintenant toute collusion avec ces repoussoirs mais acceptant les services des identitaires plus fréquentables tant qu’ils ne font pas la « Une » des journaux pour violence et voies de faits. La nature ayant horreur du vide, d’autres groupes violents se créent comme celui de Logan N. à Vitrolles ou plus récemment celui de l’A.F.O.(Action des forces opérationnelles), scission de V.P.F. (Volontaires pour la France) à ne pas confondre avec la LVF (Légion des volontaires français) durant la Seconde Guerre mondiale.

Bref, rien de nouveau sous le soleil de la nébuleuse fasciste. Les ratonades ont laissé la place aux rixes récurrentes dont les promoteurs sont toujours les éléments fascistes. Récemment deux membres du Bastion social ont été condamnés à Marseille pour violences. Parmi les membres de l’AFO, on trouve d’anciens policiers et militaires. C’est pas le bon vieux temps de l’OAS mais cela y ressemble : arsenal de pistolets…en vue de préparer des attentats contre la communauté musulmane.

Alors, le gouvernement va nous bassiner avec l’extrême droite en nous assénant que c’est Macron ou la peste brune. Pendant ce temps, les réformes se font sur le dos des travailleurs, des chômeurs et des retraités. Le président des riches, surnommé maintenant le pion de dortoir, peut y aller franco : Je suis le garant des libertés sinon en face c’est la blonde.

La crise de 2008 n’a pas atteint le degré du jeudi noir de 1929. On n’est pas à l’abri d’une nouvelle grande dépression mais les pays à dominante populiste actuels n’ont pas la capacité économique ou militaire de peser sur le sort du monde. Donc la peur de l’extrême droite, s’il ne faut pas la minorer, n’est pas encore d’actualité. L’actualité c’est la régression sociale, la perte d’acquis, le toujours plus aux riches et c’est cette politique-là qui favorise la montée du racisme et du populisme.

Combattre Macron, c’est combattre par voie de conséquence l’extrême droite.

Le libertaire Juin-Juillet 2018