Le libertaire de décembre 2016

Menhir

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès d’Amedeo Bertolo, une grande figure de l’anarchisme italien. Nous l’avions rencontré à plusieurs reprises lors des réunions de la Fédération internationale des centres de documentation libertaire (Ficedl). Avec sa compagne Rossella Di Leo, il y représentait le Centro studi libertari-Archivio Giuseppe Pinelli de Milan. On pourra lire en détail son itinéraire d’anarchiste dans le livre de Laurent Patry et Mimmo Pucciarelli, L’anarchisme en personnes (Atelier de création libertaire, 2006, 365 pages) sous le titre « Éloge du cidre ». Amedeo est né en 1941 à Milan dans une famille modeste. Ses parents étaient originaires du Frioul. Alors qu’il est encore au lycée, il crée en 1961 le Gruppo giovanile libertario qui organise des réunions et publie des tracts, notamment en soutien aux anarchistes espagnols en lutte contre Franco. Pendant l’été 1962, il parcourt l’Espagne à moto, nouant des contacts avec la Fédération ibérique des jeunesses libertaires (FIJL) et en apportant des tracts, des informations et une ronéo. Au retour de ce voyage, il apprend la condamnation à mort de Jorge Conill Vals, accusé d’avoir commis des attentats contre des édifices franquistes. Pour protester contre cette condamnation, avec des compagnons anarchistes et socialistes, il enlève le vice-consul espagnol de Milan. C’est le premier enlèvement politique en Italie. Il a un grand écho dans l’opinion publique. La peine de mort de Jorge Conill Vals est commuée en peine de prison, le vice-consul est libéré, les auteurs de l’enlèvement sont arrêtés mais Amedeo réussit à s’enfuir en Suisse puis en Italie où il est pris en charge par des compagnons anarchistes. Il se constitue prisonnier le jour du procès. Le tribunal dit que les auteurs de l’enlèvement ont agi pour des raisons d’une « valeur morale et sociale élevée ». Les condamnations sont minimales et les peines de prison sont suspendues.

Le libertaire Decembre 2016