L’étiquette politique

crotte de nez

L’étiquette

Ce fut à la cour du roi. Mais il existe une autre étiquette, celle qui qualifie les gens de gauche, de droite, en passant par les extrêmes. L’anarchisme est aussi une étiquette dont d’ailleurs certains et certaines usent et abusent. Il existe même un site qui se qualifie de libertaire mais qui aiguille ses lecteurs vers Riposte laïque, FdS et autres sites faschos. Curieuse récupération que celle du terme libertaire par l’extrême droite…Les militants bien formés ne s’y trompent pas. Les autres liront et discuteront avec des libertaires. Rien de telles que des discussions qui confrontent les points de vue. Cela permet aussi d’affuter ses arguments. Les fascistes qui se cachent derrière l’étiquette libertaire ne tromperont que les gogos. La critique nous plaît ; ce qui est déplaisant, ce sont les critiques systématiques qui ne font guère avancer le débat d’idées. Les attaques assassines qui blessent les individus, qui demandent que les autres se justifient et qui se retrouvent comme des victimes de la Tchéka de la pensée.

Chaque étiquette que l’on s’attribue ou qui nous est attribuée nous renvoie cependant à tout un ensemble de normes et de valeurs qui justifient le bienfondé de ladite étiquette à condition toutefois qu’elles soient bien évidemment, ces normes et ces valeurs, respectées intégralement.

Ainsi qu’en est-il de cette étiquette « socialiste » qui fut porteuse de tant d’espoirs pour de nombreux travailleurs. Elle constitua au départ un cri contre les injustices sociales et contre l’exploitation de l’homme par l’homme. Cette étiquette répondait de même à la volonté d’esprits éclairés d’organiser et rationaliser une société basée sur la libre-concurrence, la liberté du marché, le laisser-faire et toute autre idée libérale dans le sens capitaliste du terme. Tout despote, gros industriel, magnat de la finance ou de la presse, bref tout ce qui compte d’arrivistes issus de la Révolution industrielle étaient dépourvus d’éthique, de sens moral. Les socialistes remettaient en cause une société où la production était adaptée à la demande solvable, aux profits, plutôt qu’aux besoins de la population.

Bertrand Russel, avec humanisme, définissait ainsi le socialisme : « Le socialisme signifie la propriété commune de la terre et du capital sous une forme démocratique de gouvernement. Il implique la production dirigée en vue de l’usage et non du profit, et la distribution des produits, sinon également à tous, tout au moins avec les seules inégalités justifiées par l’intérêt public. »

Depuis le 10 mai 1981, nous avons subi les socialistes au pouvoir…jusqu’à Monsieur Hollande. Le terme socialiste répond-il bien en actes aux normes et aux valeurs qui le constituent ? En février 1982, déjà, un socialiste suisse avait dénoncé le fait suivant que le système bancaire suisse n’était rien d’autre qu’un immense système de recel de l’argent volé aux différents peuples (y compris bien sûr au peuple français) et qui est lavé, réinvesti là où il est le plus rentable, c’est-à-dire dans les pays du Tiers Monde et dans les dictatures les plus blanches et les plus…sanguinaires.

A l’époque mais il en est aujourd’hui de même, quelle autre solution plus efficace que celle d’abolir les mécanismes fondateurs du système capitaliste : l’exploitation de l’homme par l’homme, le salariat, l’accumulation de la plus-value, la spéculation et la monopolisation du capital entre les mains d’une poignée de canailles même si certaines donnent leur obole à diverses causes humanitaires pour se dédouaner de leur mauvaise conscience.

Ces contradictions et réalités détestables sont globalement cachées au peuple souverain, celui qui vote et nous choisit des maîtres dont on se passerait bien. C’est la « raison d’Etat » qui nous gouverne. C’est pourquoi, dans le temps présent et les temps à venir, la ferme volonté de dépasser la violence et la barbarie de l’Etat, si civilisé qu’il se prétend, doit devenir pour les libertaires irréductible et incorruptible.