Les politiciens heurtent la morale anarchiste

Maria

Les politiciens heurtent la morale anarchiste

Les anarchistes se sont toujours révoltés contre les injustices et nous avons de même invité les autres à se révolter contre ceux qui s’arrogent le droit de traiter autrui comme ils ne voudraient nullement être traités eux-mêmes ; contre ceux qui ne voudraient être ni trompés, ni traités, ni exploités, ni brutalisés…mais qui le font à l’égard des autres. Le mensonge des Benalla, des Cahuzac, des De Rugy…la brutalité policière contre les gilets jaunes, les jeunes de banlieue, les lycéens, les travailleurs en lutte…sont des pratiques immondes car elles révoltent les sentiments d’égalité de celui ou celle pour lequel ou laquelle l’égalité n’est pas un vain mot. Ils nous révoltent dans notre façon de penser et d’agir.

Le principe égalitaire contient essentiellement le respect de l’individu. En proclamant notre morale égalitaire et anarchiste, nous refusons de nous arroger le droit que les moralistes ont toujours prétendu exercer – celui de mutiler l’individu au nom d’un certain idéal qu’ils croyaient bon ( Macron et ses sbires par exemple prétendent agir pour le bien du pays).  Nous ne reconnaissons ce droit à personne ; nous n’en voulons pas pour nous. Nous reconnaissons la liberté pleine et entière de l’individu ; nous voulons la plénitude de son existence, le développement libre de toutes les facultés. Nous refusons d’abdiquer notre liberté et de nous laisser asservir par les autres.

Nous renonçons à mutiler l’individu au nom de n’importe quel idéal : tout ce que nous nous réservons, c’est de franchement exprimer nos sympathies et nos antipathies pour ce que nous trouvons bon ou mauvais. Parallèlement, nous avons besoin d’aider autrui, d’accomplir un travail socialement utile et de vivre en accord avec notre idéal libertaire. Nous ne pouvons nous satisfaire de la servilité au travail, du mensonge des politiciens et des religieux, du manque de bonne foi des uns, de l’intrigue des autres, de l’inégalité dans les rapports humains. Nous désirons à l’opposé traiter les autres comme nous aimerions être traités nous-mêmes. Le bonheur de chacun est intimement lié au bonheur de tous ceux qui nous entourent. Pour obtenir ce bonheur, il nous faut lutter, jeter nos forces dans la bataille sociale. Nous rencontrerons des gens que l’on estimera et d’autres que nous mépriserons de par leur comportement. Mais le bien de l’individu ne peut être opposé à celui de la société. Le but de chaque individu est de vivre une vie intense mais cette dernière ne peut s’accomplir que dans la plus grande sociabilité, dans la plus parfaite identification de soi-même avec tous ceux qui l’entourent.

Pour autant nous savons par expérience que de nombreux obstacles se dressent contre nous, que nos principes égalitaires sont froissés à chaque pas. La réalité des sans-abris, des travailleurs qui rentrent fatigués et dépités de l’usine ou du bureau, des femmes qui élèvent seules leurs enfants en ayant du mal à boucler leur fin de mois…nous rappellent que notre société inégalitaire contraint le plus grand nombre à ne pas jouir des arts, du théâtre, des sciences, de vacances…bref de la vie.

Les libertaires ne s’accommodent pas de ce qui nous révolte. Nous n’avons cure des compromis avec des conditions de vie ignobles imposées à bon nombre de gens que l’on côtoie. Pas d’armistice contre l’inégalité ! Nous ne pouvons que lutter contre ces conditions et nous battre pour instaurer une morale supérieure, ce qui nécessite un grand travail de pensée, en dehors des partis politiques.

La morale anarchiste refuse de modeler l’individu selon une idée abstraite. C’est pour cela que nous combattons toutes les religions et les gouvernements. La solidarité entre chaque membre de la société, le courage et l’initiative individuelle sont les facteurs principaux du progrès. Sans entraide, sans confiance mutuelle, point de progrès. Le sentiment moral égalitaire est une nécessité, le combat pour l’égalité est son corollaire: « Et une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise – une iniquité dans la vie, – un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre, – révolte-toi contre l’iniquité, le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. Lutte pour permettre à tous de vivre de cette vie riche et débordante, et sois sûr que tu trouveras dans cette lutte des joies si grandes que tu n’en trouveras pas de pareilles dans aucune autre activité. » (Pierre Kropotkine – La morale anarchiste)

D’après Pierrot (GLJD)