Les anarchistes ne font pas de politique anti-électorale sans raison

Chiens

Un communiste étatiste – qu’il soit trotskyste, stalinien, bref, n’importe quel type de bolchevik, un universitaire ou un travailleur quelconque de cette obédience- s’accroche toujours à l’idée qu’il existe toujours le besoin d’une dictature du prolétariat, même si le terme dictature semble reléguer à l’arrière-plan car trop repoussoir. Il demande toujours davantage d’Etat et de gouvernement. Donc, une certaine forme de hiérarchie existe et s’infiltre dans chaque échelon militant jusque dans leur nouvelle découverte : l’écologie sociale de la planète. Concernant les joutes électorales auxquelles les anarchistes ne participent pas, il ne faut pas que d’autres se laissent  tromper par le cri d’« unité ». Ceux qui ont le plus souvent ce mot à la bouche sont ceux qui sèment le plus la zizanie. In fine, l’unité doit se faire derrière leur bannière.

Les anarchistes ne font pas de politique anti-électorale sans raison. Nous avons toujours été bien conscients que l’État ne peut pas devenir une voie de libération – les tentatives de l’utiliser comme tel par la gauche socialiste ou communiste ont eu pour résultat que les individus élus au parlement sont devenus, au mieux, une insignifiance dépourvue de réel poids, avec leurs campagnes qui s’avèrent de fait une perte de temps et de ressources, et au pire, sont devenus les défenseurs les plus virulents de l’État et des privilèges. Malgré l’intégrité incontestable de certains authentiques militants qui entrent au parlement, une position de principe au parlement ne peut durer qu’un temps limité. Un ouvrier de plus au parlement, c’est un ouvrier de moins. Le pouvoir étant maudit, le parlementaire devient rapidement le produit de son milieu.

Le plus grand idéalisme fait naufrage sur les rives de la réalité de l’économie capitaliste.

Des millions de personnes aujourd’hui sont mécontentes des politiciens. Ajouter des socialistes, des Mélenchonnistes, des écologistes… à la liste des vautours qui se font élire et ne font rien, ne nous aidera pas à construire un projet révolutionnaire. L’activité parlementaire fait très peu pour renforcer la capacité de lutte de la classe ouvrière elle-même, sans parler de l’idée que la classe ouvrière peut diriger le monde. Certains peuvent  faire des discours émouvants en faveur des luttes populaires et pourraient se battre dur pour obtenir des réformes d’un quelconque gouvernement socialiste néolibéral (on a vu Mitterrand, Jospin, Hollande), mais ils n’expliqueront jamais à la classe ouvrière que ce n’est pas en votant que les travailleurs gagneront le véritable socialisme, le socialisme libertaire. Ils conduiront les travailleurs dans la mauvaise direction, à l’opposé d’une alternative émancipatrice.

« Nous affirmons que les problèmes sociaux ne peuvent être résolus que par un mouvement révolutionnaire qui transforme l’économie tout en détruisant les institutions politiques bourgeoises. » – García Olivier

Seules des mouvements anarchistes cohérents et combatifs avec une politique de classe distincte peuvent devenir un pôle d’attraction alternatif pour remplir l’espace que la gauche a délaissé. L’anarchisme redevient un courant révolutionnaire plus fort et présent à nouveau dans le monde, étant donné l’échec abyssal de la politique marxiste au 20ème Siècle, et avec le « socialisme du XXIe siècle » qui s’avère n’aboutir à rien ou à quelques réformes futiles, mais sans capacité d’aller au-delà du capitalisme. « La classe ouvrière n’a pas de Parlement mais la rue, l’usine et le lieu de travail, et pas d’autre voie que la révolution sociale. » – Buenaventura Durruti

Pour contrer la croissance des projets électoraux, les anarchistes ont également besoin de « rampes d’accès » faciles à la politique, mais pas de celles qui inciteront les travailleurs à remettre leur sort aux partis politiques. Construire nos propres alternatives et mouvements militants nécessite une politique développée et spécifiquement anarchiste pour guider nos stratégies et nos tactiques. Il est de notre devoir de révéler l’impasse de suivre des stratégies comme les tentatives électorales de la gauche dont les écologistes électoralistes sont une nouvelle branche, et de réaffirmer que la révolution ne peut être faite que par la lutte des travailleurs eux-mêmes. L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

Alors qu’aujourd’hui  l’économie reprend de plus belle et que les profits des multinationales, du CAC 40… flambent, la problématique de la vie chère (logement, transport, énergies, alimentation…) s’est encore aggravée pour les travailleurs, notamment les plus pauvres et les chômeurs. Ce n’est pas la récente aumône de 100 € qui va changer la donne : il faut remettre la question de la répartition des richesses et du temps de travail au cœur du débat ! Emmanuel Macron nous fait penser aux nobles qui dispensaient des dons aux plus pauvres alors qu’ils ne faisaient que redistribuer les impôts collectés sur le dos des paysans et des artisans. Enfin, toujours les mêmes, ceux qui produisent et sont indispensables.

Mobilisons-nous dans nos entreprises et services pour revendiquer dans l’immédiat : une augmentation générale des salaires d’abord pour rattraper le retard pris depuis des années puis pour au moins suivre l’inflation qui va pointer à 4% cette année, des retraites et des minimas sociaux; une réduction du temps de travail avec embauches correspondantes et sans baisse de rémunération. En attendant de s’organiser massivement pour instaurer le communisme libertaire. Et ce ne sont pas les élections qui imposeront ces revendications mais la rue, notre parlement à nous.

Ti Wi (GLJD)