L'antisémitisme, toujours d'actualité

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L’antisémitisme catholique

L’Église a été construite parmi les Juifs hellénistiques, en particulier après la destruction de Jérusalem, en 70, en concurrence avec les Juifs pour lesquels ils ont été classés comme «déicides» et condamnés et persécutés, à toutes les époques historiques par « un juste châtiment » pour être les meurtriers du dieu, que les chrétiens leur ont volé.

Le triomphe de l’institution épiscopale chrétienne commence au moment où l’empereur Constantin l’exploite comme religion monothéiste, nécessaire pour garantir l’unité politique en imposant l’unité religieuse à tous les sujets de l’Empire. À la fin du 4ème siècle, l’empereur Théodose a supprimé le patriarcat juif, pénalisant le prosélytisme juif. Et il proclame le christianisme comme la seule religion officielle, interdisant tous les autres cultes. Par impératif catégorique, le christianisme s’est imposé à tous les sujets de l’Empire.

En 439, une loi interdit aux juifs les positions et les honneurs militaires. Dans les conciles de Vannes, 465, Agde, la même année, Epona, 517, Orléans, 533, et Clermont, 535, il est interdit aux chrétiens de manger avec des juifs, d’épouser des juifs et de se mélanger avec eux. En 681, après la conversion des Wisigoths au christianisme, le concile de Tolède décrète: «Il est absolument interdit aux juifs d’avoir des serviteurs ou des esclaves chrétiens». Au concile de Meaux, en 808, la liturgie des prières du Vendredi saint fut modifiée, se référant aux Juifs: l’agenouillement fut éliminé, en ce qui les concernait, et l’expression «juif perfide» fut introduite.

Saint Thomas d’Aquin a déclaré: «Il serait légal de maintenir les Juifs, à cause de leur crime, en servitude perpétuelle et alors les princes pourraient considérer les biens des Juifs comme appartenant à l’État. Les juifs sont les esclaves des princes ». Le patriarche de Constantinople, Jean Chrysostome, qui signifie «bouche d’or», considéré par l’Église comme l’un des quatre grands pères de l’Église a proclamé: «La synagogue, loin d’être un lieu où Dieu est adoré, est un lieu d’idolâtrie. C’est une maison de débauche, une maison de voleurs, un gardien de bêtes sauvages et impures. N’oubliez pas que la synagogue est le manoir du diable, la citadelle du diable, le lieu de toute perdition et non seulement la synagogue, mais l’âme même des juifs ».

Vers 1095, le pape Urbain II lança la première croisade. À l’occasion de la conquête de Jérusalem en 1099, la synagogue a été incendiée par les chrétiens avec les juifs enfermés. Au cours de la deuxième croisade, la cruauté envers les Juifs était encore plus grande. En Angleterre, en 1141, les massacres de Juifs ont commencé. Ils ont été poursuivis à Würzbur, 1147, à Cologne, 1150, à Blois, 1171, à Bray-sur-Seine, 1191. En 1215, au concile du Latran, les Juifs ont été interdits de fonction et contraints de porter des vêtements qui les distinguaient  des chrétiens. Ils ont été confinés dans des ghettos et leur ont été donnés des heures d’entrée et de sortie. Concernant les juifs comme les musulmans, le concile décide qu’ils doivent porter sur eux une marque distinctive de leur différence (signum). L’objectif est d’instaurer ainsi le principe d’une ségrégation forcée. La justification donnée est que : « Dans certaines provinces, les habits des Juifs et des Sarrasins se distinguent de ceux des chrétiens, mais que dans d’autres, un degré de confusion se produit, de sorte qu’ils ne peuvent être reconnus par aucune marque distinctive. Comme résultat, par erreur, des chrétiens ont eu un commerce intime avec des femmes juives ou sarrasines. De façon que le crime d’un tel mélange maudit ne puisse plus avoir d’excuse dans le futur, nous décidons que les Juifs et les Sarrasins des deux sexes, dans toutes les terres chrétiennes, se distinguent eux-mêmes publiquement des autres peuples par leurs habits.»

Pendant les crises et la peste des XIVe et XVe siècles, l’antisémitisme était une soupape de sûreté, comme pendant le nazisme, pour blâmer les Juifs pour les maux de l’économie. Dans cette situation, le clergé, comme il le ferait plus tard pendant les guerres carlistes et la guerre civile espagnole, a soulevé les esprits populaires en déclenchant des programmes violents. À la fin du XIVe siècle, la chronique d’Henri III parlait des nombreux Juifs assassinés par des chrétiens. Les juifs qui ont opté pour la conversion pour se débarrasser de la fureur chrétienne n’ont pas non plus eu la vie facile pendant les siècles suivants. Le «Statut de la peine» de Pero Sarmiento, à la fin du XVe siècle, révéla une haine féroce contre les convertis. A ce massacre de juifs, il faut ajouter celui des hérétiques et des femmes accusées d’être des sorcières.

Puis viendraient toutes sortes de persécutions, interdictions, condamnations et ainsi de suite jusqu’au 20ème siècle, où en Russie la police a rédigé «Les protocoles des anciens sages de Sion» pour justifier la persécution et le meurtre des juifs. Et ainsi de suite dans les chambres à gaz où des millions de Juifs ont été gazés et incinérés pendant la Seconde Guerre mondiale. Après s’être fait arracher les cheveux, les dents en or et tout ce qui était utile pour les nazis. Ce qui était en effet un livre d’humour noir, ce sont les déclarations d’Hitler sur les Juifs, rassemblées par son ami Dietrich Echart dans son livre «Der Bolshevismus von Moses bis Lenin», (Le bolchevisme de Moïse à Lénine), 1924. En même temps les catholiques polonais, la terre du pape Jean-Paul II, et les catholiques croates pratiquaient le sport de la chasse aux juifs indépendamment de toutes sortes de cruautés. Avant et après la Seconde Guerre mondiale.

Un massacre peut-il être qualifié de plaisanterie? Pouvez-vous faire une blague avec la souffrance des autres? Des femmes. Des enfants. Des personnes âgées… Quelqu’un peut-il rire d’un massacre humain? L’autocritique est nécessaire car elle nous aide à apprendre des erreurs que nous avons héritées du passé, en tant que victimes, et que nous ne commettrions pas, si nous étions conscients de la gravité de ce que nous disons.

Malheureusement, l’antisémitisme est toujours vigoureux en France. Début 2020, le journal Le Monde fait les comptes : « Les faits antisémites ont été une nouvelle fois en hausse (+ 27 %), après le bond de + 74 % enregistré en 2018, par rapport en 2017. Pas moins de 687 faits ont été comptabilisés par les services de police. Parmi eux, les actions sont en recul, à 151, par rapport aux menaces (536). Rapportés au public potentiellement concerné, les faits antisémites demeurent sans commune mesure avec les atteintes enregistrées pour les autres secteurs de la population. »

La religion catholique historiquement et la religion musulmane aujourd’hui portent une lourde responsabilité dans cet été de fait.

A nous, les athées, d’œuvrer pour une société basée sur le rationalisme, en dehors de toute religion car les religions sont toutes sources d’oppression et de guerres. Nous n’oublions pas bien entendu le sort réservé aux Palestiniens en Israël…