Jules Durand: la machination

Machination

Les charbonniers forment deux catégories : les hommes travaillant à bord, au déchargement du charbon, occupés simplement lorsqu’il y a des bateaux en déchargement, ce qui fait qu’en moyenne ils travaillent trois jours la semaine. Ils sont payés à raison de 9 francs par jour, ou plus exactement de 4,50 francs par vacation de 4 heures de travail, ce qui arrive à leur faire des semaines d’à peine 27 francs.

Les « crapauds », sortes de bennes automatiques, se chargeant toutes seules, étaient venus récemment réduire encore leur travail et les condamner à un chômage plus considérable. Aussi, ces malheureux pour la plupart des déclassés, sont-ils obligés de coucher dans des wagons et de vivre au petit bonheur. Un fourneau électrique est installé sur les quais, leur permettant de se restaurer avec quelques sous. Contraints de vivre dans de pareilles conditions, il n’est pas surprenant que cette corporation compte 90 % d’alcooliques.

L’autre catégorie de charbonniers est formée des ouvriers du chantier. Leur travail consiste à mettre le charbon en sacs et à le livrer en ville. D’autres sont occupés à faire des mélanges et à fabriquer mécaniquement des briquettes. Ceux-là travaillent 6 jours par semaine et gagnent 5,50 francs par jour. En tout il y a au Havre, 6 à 700 charbonniers….

La_greve_des_charbonniers