Juin 2018: Réhabilitation de Jules Durand

Bothereau

Force Ouvrière parle aussi de l’Affaire Durand…

Nous avons reçu ce message de la petite fille de Gustave  Descheerder, homme qui a œuvré avec Paul Meunier, Cornille Geeroms, Adrien Briollet, Sébastien Faure, Voisin, Genet, Hanriot et le Bureau confédéral de la C.G.T. (Ainsi que tant d’autres anonymes ou non…) pour la libération de Durand ainsi que pour la révision du procès.

Nous n’avons pas retouché le texte bien qu’il contienne plusieurs inexactitudes : confusion du XIX ème et XXème siècle ; Jules Durand est libéré le 15 février 1911 et non le 16 février 1912, la SFIO est la Section Française de l’Internationale Ouvrière (Partis socialiste unifié)…mais ce texte n’est pas dénué d’intérêt. Quant au comité de défense de Sacco et Vanzetti, les anarchistes havrais avec Burgat et Lachèvre en étaient la cheville ouvrière….

 

 

 

« DEVOIR DE MEMOIRE A GUSTAVE  DESCHEERDER ET PAUL MEUNIER

SUITE A LA REHABILITATION DE JULES DURAND LE 18 JUIN 2018

 

Le nom de Descheerder  raisonne en cheville ouvrière magnifiée par l’artisan,  charpentier de cette culture,  déployée pendant plus de SEPT ANS pour défendre l’homme Jules Durand atteint dans sa dignité mais aussi assurer la légitimité et la pérennité du syndicat des ouvriers charbonniers suite à l’infamie et dégradation dont  son secrétaire est victime.

Personne ne peut oublier le concours capital du député de l’Aube Paul Meunier pour son rôle en tant que Avocat et Parlementaire.  Celui-ci en se manifestant spontanément au côté de Descheerder pour aider à l’œuvre de révision et de réhabilitation,  avait fait signer au préalable,  une pétition par deux cents députés demandant le recours en grâce de Jules Durand.  Sa participation dés 1911 permet sa libération  dés le 16 février 1912 mais malheureusement,  la raison de celui-ci n’a pas résisté aux épreuves subies.

Gustave Descheerder est né à Halluin le 24 novembre 1869 prés de Lille. Belge d’origine,  il est naturalisé français en 1895.  Son nom est connu et reconnu dans Nord et le Pas de Calais ; en effet,  il est désigné comme secrétaire général des ouvriers peintres dans ces deux régions.

Plus tard,  on le revoie en tant que journaliste au quotidien L’EGALITE de Roubaix/Tourcoing. Ici il  côtoie des personnalités qui font l’actualité du pays.  Entre autres,  Jules Guesde et Jean Jaurès. Il séjourne à Paris puis aux Etats Unis.

A Tourcoing,  il ouvre un café. Partout où il se trouve,  Descheerder perfectionne ses armes et se fait de nouveaux amis.  Il se marie à Paris mais au début du 19ème siècle, son port d’attache devient Le Havre.  C’est ici qu’il exerce définitivement la profession d’artisan peintre tout en travaillant avec acharnement aux valeurs de vérité, de justice et de paix à hauteur de conscience universelle.

Par ses incessantes actions,  à la SFIO (syndicat français international ouvrier) et prises de positions dans l’édition de pièces de théâtres  et articles de presse sur les conditions de vie des ouvriers parus dans le journal socialiste « LE PROGRES »  et écrits sous  son nom de plume   MARIROSE,   L’homme est connu de tout le peuple et nommé à l’unanimité Président du Comité de Défense à Jules Durand.

Charismatique,  Descheerder est aussi proche des parents de Jules Durand que de Francis de Pressensé.  Il réunit, rassemble et fait partout l’adhésion autour de lui avec les représentants de l’union des Syndicats du Havre,  la ligue des droits de l’homme  et  le tout nouveau parti socialiste avec Jaurès.

Par lui et ses vifs compte rendus tout azimut adressés aux grands observateurs de ce monde,  Descheerder sème le sel de l’esprit de solidarité et fait germer en chacun la noblesse de pensée d’égal à égal  aussi bien sur le plan civique,  social que économique.

Dans l’incessant travail de Descheerder   découle sa mission de communication  afin d’alerter et engager les hommes de bonne volonté pour l’innocence de Jules Durand. Ainsi en 1912, la ligue des droits de l’homme décide de tenir son congrès national au Havre pour galvaniser sa résistance autour de Jules Durand.

Ironie du sort,  l’année 1918 voit d’une part la reconnaissance de l’innocence de Jules Durand,    mais aussi la détention de son défenseur Paul Meunier.

En effet,  depuis l’affaire Durand,  l’homme est mal vu dans une certaine bourgeoisie et pendant la guerre de 1914-1918 Meunier a mené campagne pour le respect de la liberté individuelle et des  droits de l’homme contre l’état de siège,  la censure et les conseils de guerre. TROIS ANS après,  Paul Meunier est toujours en détention.

Gustave Descheerder,  conscient du danger encouru par son ami,  alerte l’opinion publique en  créant son 2ème comité de défense.  La libération de Paul Meunier intervient début 1922 mais peu de temps après,  celui-ci meurt prématurément des suites de sa détention.

Au chevet de Paul Meunier,  Descheerder  rencontre un jeune médecin militaire,  Louis Meslier pendant la guerre de 1914-1918. Ce dernier envoyé au bagne pour avoir dénoncé « LE CRIME DE LA GUERRE ». Pacifiste,  Descheerder fera paraître dans son journal « LE PROGRES SOCIAL »  les effets et conséquences de la guerre qui tuent les hommes et l’environnement en publiant le récit du Dr  Meslier.

En 1922, à l’occasion de la grande grève des ouvriers métallurgistes,  on retrouve l’implication de Descheerder liée aux ouvriers.  Il  transmet un rapport complet des évènements à la ligue des droits de l’homme en justifiant les preuves  en faveur des responsables syndicaux havrais de toutes professions, injustement emprisonnés.

Dans son action incessante en faveur des opprimés,  Descheerder démultiplie les comités de  défense.  Je cite :

en 1924, à l’occasion du transfert des cendres de Jaurès au Panthéon, Descheerder alors Président de la ligue des droits de l’homme au Havre depuis 1921 rassemble derrière son nom le Comité de défense Jaurès pour exalter la paix  ;

en 1927, un autre comité de défense est créé toujours à son initiative pour défendre SACCO et VANZETTI. «

Ce devoir de mémoire en faveur de Gustave Descheerder et Paul Meunier pour souligner que ces deux personnages ont agi humainement en vérité et en abnégation toute leur vie ; simplement animés par les vertus qui sont les leurs.

Au Havre,  suite au décès de Descheerder  en novembre 1943, l’estime des havrais se porte vers l’HOMME DE CŒUR et le journal du Havre titre : un homme qui a témoigné d’une honnêteté sans pareille  et l’article se termine par ces mots –  nul n’oubliera LE PERE DESCHEERDER qui fut,  toute sa vie,  un défenseur des humbles –

 

LE HAVRE,  le 30 mai 2018

Joëlle PARISSE SALMON (arrière petite fille de Descheerder) »