Le Havre, ville abstentionniste : 55,22% d’abstention !
Participation : 44,78 %
Bulletins Blancs : 1897
Chaque politicien usera de la langue de bois, de circonlocutions usuelles, d’analyses de surface quant aux résultats des élections européennes du 26 mai 2019…Au Havre, les commentateurs y vont de leur couplet : pour une fois les Havrais ont voté comme au niveau national, c’est-à-dire RN en tête suivi de LREM avec des pourcentages pour ces formations politiques sensiblement identiques à ceux du national. Pour autant, ce sur quoi les politiciens locaux ne s’attardent pas, c’est le taux d’abstention au Havre et la non-représentativité politique de tous les partis. Prenons le RN qui engrange 10063 votes, soit 22,55 % mais en réalité à peine 10% des inscrits puisque ces derniers sont 103885. Là, ça décoiffe. Peau de balle tous les partis politiques…
LREM : 9592 votes, soit 21,50 %
Liste de Bellamy : 2319 votes, soit 5,20 %
Liste Parti Communiste : 2598 votes, soit 5,82 %
LFI : 4094 votes, soit 9,18 %
Jadot l’écolo : 5810 votes, soit 13,02 %
En clair, aucune liste ne représente plus de 10% des inscrits, c’est un fiasco généralisé et un désavoeu pour tous les partis politiques, y compris ceux arrivés en tête.
Le nouveau maire du Havre Jean-Baptiste Gastine, ancien de la Boutinerie, pense déjà aux prochaines municipales et veut rassembler de LREM aux républicains…Il a de la suite dans les idées car Les Républicains de Bellamy, avec 5,20% des voix se sont lamentablement ramassés, tout comme le PS d’ailleurs qui piteusement enregistre 5,63% des voix. En corrélation avec le taux d’abstention, on constate le discrédit des partis.
L’autre intérêt de ces élections, c’est d’analyser les scores du Parti communiste dans les villes où il détient la mairie. A Harfleur, le PC est à 12,87% loin derrière le RN qui caracole à 32,59%. De même à Dieppe, le PC est à 9,72% loin derrière le RN qui est lui à 27,86%. Les seuls à limiter la casse et encore, c’est Gonfreville l’Orcher où le PC, à 28,72%, talonne le RN à 32,40%. Pourtant dans ces villes, le RN n’est pas structuré sauf peut-être à Dieppe.
En Seine-Maritime, RN (27,6%) est à huit points au-dessus de LREM. Dans des villes comme Bolbec, le RN fait 39%, à Lillebonne, 33%, à Port Jérôme, 30%…villes historiquement à gauche. A Lanquetot, en milieu rural, le RN culmine à 43%…Compte tenu de l’abstention, ces chiffres sont à relativiser mais demeurent un bon indicateur de l’état d’esprit des Seinomarins. Les politiciens y vont de leurs ressentis : les gens se sentent déclassés ou ont peur d’être déclassés, les partis traditionnels sont décrédibilisés, la crise migratoire a pesé, c’est un vote de colère, les électeurs sont tentés par un changement radical qui serait incarné par le RN…Même si certains arguments avancés sont valables, ce qui est certain c’est qu’une bonne partie des électeurs issus des classes modestes raisonnent comme leurs grands-parents qui votaient pour le PC dans les années 1950-1960. A l’époque, les gens disaient : on vit difficilement, les fins de mois sont dures, on ne peut pas partir en vacances…bref, on n’a rien à perdre. Si les communistes arrivent au pouvoir, ils prendront aux riches et classes moyennes. Nous, on n’a rien donc rien à perdre…Le raisonnement est identique pour le vote RN/FN.
Les médias indiquent que d’après des sondages (à qui on fait dire un peu ce que l’on veut), 40% de ceux qui ont voté pour le RN appartiennent au milieu ouvrier et que 38% des gilets jaunes se sont reconnus dans la liste RN.
Nous tenons à rappeler que le premier parti chez les gilets jaunes comme chez les ouvriers, c’est le parti abstentionniste. Et de loin, car les travailleurs savent que les élections ne changeront pas grand-chose à leurs difficultés de fin de mois.
Revenons aux élections européennes sur le plan du contenu. Pour ceux et celles qui se sont intéressés au sujet, ce qui est le cas des libertaires, on s’aperçoit que sur le plan de la stratégie économique de l’Union européenne, le parlement n’a qu’un rôle secondaire. Qui tient les cordons de la bourse : la Banque Centrale Européenne (B.C.E.) et l’Eurogroupe (Ministres des finances de la zone euro et hauts fonctionnaires du Trésor et autres banquiers centraux…). Voilà pourquoi, le parlement qui vient d’être élu n’est qu’un parlement croupion. Cette élection apportera des moyens financiers aux partis politiques qui ont dépassé les 5% mais le travailleur lambda ne verra aucune éclaircie quant à sa situation individuelle.
Les gilets jaunes ont montré la voie et obtenu quelques milliards. Il faut faire cracher encore l’Etat et le patronat. La solution n’est dans aucune élection mais dans la mobilisation.
