Non à la guerre est un slogan insuffisant.

FSB

Militarisme, armées permanentes, force brutale et organisée prête à menacer tout peuple, toute communauté humaine… font partie de l’origine du système actuel et de son essence.

Non à la guerre est un slogan insuffisant.

Le « Non à la guerre! » sans remettre en cause les fondements du système actuel revient à demander à un lion de ne pas s’attaquer aux gazelles. Nous pouvons nous sentir mieux en le disant, mais si nous ne cherchons pas à faire face à la réalité, qui est dure, nous ne nous concentrerons pas sur les vraies solutions. Et pour vraiment remettre en cause le système, il faut une proposition, des pistes à élaborer collectivement, quelques bases et invariants… de ce qui pourrait lui être une alternative.

Sur la manière dont le militarisme est à l’origine et à la base du capitalisme et des États, trois lectures sont fortement recommandées : « Canons et capitalisme. La révolution militaire comme origine de la modernité » (Robert Kurz, 1997), « Capitalisme : fils bâtard du militarisme » (Esteban Vidal, 2019) et « Trois lectures nécessaires » (Esteban Vidal, 2018).

Voici des extraits des textes susmentionnés :

« Le grand complexe militaire coupé de la société exigeait une « économie de guerre permanente ». Cette nouvelle économie de la mort était posée comme un linceul sur les structures de l’économie naturelle des sociétés anciennes. Comme les armes et l’armée ne pouvaient plus compter sur la reproduction agraire locale, mais devaient être fournies de manière complexe et extensive et dans des relations anonymes, elles en vinrent à dépendre de la médiation de l’argent. La production de biens et l’économie monétaire en tant qu’éléments de base du capitalisme ont reçu une impulsion décisive au début de l’ère moderne grâce au développement de l’économie militaire et d’armement. (…) Pour financer les industries d’armement et les bastions, les armées gigantesques et la guerre, les États devaient tirer le meilleur parti de leurs populations, et ce, en correspondance avec la matière, d’une manière également nouvelle : au lieu des anciens impôts en nature, l’impôt monétaire. Les gens étaient ainsi obligés de « gagner de l’argent » pour payer leurs impôts à l’Etat. De cette façon, l’économie de guerre a imposé non seulement directement, mais aussi indirectement, le système de l’économie de marché. Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, la taxation des personnes dans les pays européens a augmenté jusqu’à 2 000 %. Naturellement, les gens ne se sont pas volontairement laissé intégrer dans la nouvelle économie monétaire et d’armement. Ils ne pouvaient être contraints que par une répression sanglante. L’économie de guerre permanente des armes à feu a donné lieu pendant des siècles à l’insurrection populaire permanente et donc à la guerre interne permanente.»

« L’idée répandue que le capitalisme est un produit du développement interne de l’économie, et plus précisément des forces de production, cache sa véritable origine. Celle-ci ne se retrouve dans aucun processus d’accumulation originelle comme le proposent le marxisme ou le libéralisme, ni dans une transformation brutale des rapports sociaux de production, résultat de certaines forces historiques liées à l’économie. Le capitalisme est avant tout un produit de la guerre, et surtout du militarisme. C’est l’origine du capitalisme qui n’est pas formellement reconnue (…) Ce sont les intérêts militaires et géopolitiques des États qui, dans un contexte d’intense concurrence internationale, et donc de guerre et de course aux armements, ont favorisé la transformation de la forme dominante de production dans l’économie. Non seulement l’entreprise capitaliste est apparue, mais le marché aussi, compte tenu de la commercialisation d’une quantité croissante de biens et de services de toutes sortes, et de la marchandisation de l’économie dans son ensemble, qui a cessé d’être centrée sur l’autosuffisance pour produire. »

«En conclusion, on peut dire que les travaux passés en revue ici constituent des recherches d’une grande valeur pour comprendre la manière dont fonctionne le système de domination en vigueur aux États-Unis, et qui par extension permettent de se faire une idée de la façon dont il fonctionne dans le reste des pays avec des régimes constitutionnels et parlementaires. À partir de perspectives différentes, d’auteurs aux parcours intellectuels et biographiques différents, des conclusions similaires sont tirées sur la primauté de l’institution militaire comme épine dorsale de l’État et du système de pouvoir qu’elle soutient. Cela nous donne une idée générale, mais en même temps assez approximative, de la logique sur laquelle s’articulent les relations de pouvoir et l’organisation de la société, qui suggère aussi des voies pour leur désarticulation. Ces routes mènent à la fin d’une institution aussi néfaste que l’armée, protagoniste d’innombrables guerres et responsable de pertes de vies humaines incalculables, sans oublier les dommages économiques considérables qu’elle cause au peuple sous forme d’impôts et d’appauvrissement.»

 

« C’est une vérité historique et actuelle que l’armée est l’épine dorsale de l’État », a reconnu Felipe González dans une interview.

« Les forces armées, composées de l’armée, de la marine et de l’armée de l’air, ont pour objectif de garantir la souveraineté de l’Espagne, de défendre son intégrité territoriale et son ordre constitutionnel », dit l’article 8 de la Constitution espagnole, celle de 1978.