Gilets jaunes et revendications: le 5 février au Havre

Mutilé médaillé

Gilets jaunes et revendications

Un fossé s’est creusé entre les gilets jaunes et les syndicats, du moins d’un point de vue organisationnel  car de nombreux gilets jaunes sont aussi syndiqués. Mais les gilets jaunes qui habitent dans des zones rurales ou péri-urbaines ont souvent été éloignés des centrales syndicales, ces dernières étant plutôt implantées dans les grandes villes et dans les grandes entreprises du secteur privé. La syndicalisation du secteur public étant plus large et diffuse. Alors au fil des ans,  les gens se sont sentis abandonnés ou ignorés  par ceux-là mêmes qui étaient censés les représenter. Bien sûr, les gilets jaunes ont une part de responsabilité dans leur ancien isolement car ils auraient pu se prendre en main et peser dans leur localité ou en se fédérant.  En tant qu’anarchistes, si nous combattons les oppresseurs, nous dénonçons parallèlement la passivité des opprimés. Leurs formes d’action actuelles s’effectuent en dehors des entreprises, c’est ce qui pose problème aux syndicats qui ont de plus en plus un fonctionnement vertical. Ce mouvement aurait été mieux compris et intégré par les tenants d’un syndicalisme horizontal pratiqué dans les anciennes Bourses du Travail. Leurs revendications visent essentiellement le gouvernement et les  députés mais dédaignent dans leur ensemble le patronat qui est pourtant responsable des salaires, des primes et de l’utilisation des contrats courts au sein des boîtes. Organisations syndicales et politiques semblent alors perdues. Sauf l’extrême droite qui surfe sur certaines thématiques des gilets jaunes et inversement. C’est pourquoi, ce qui se passe à Commercy et Saint-Nazaire est très important pour le futur et la structuration du mouvement en dehors des partis et des thèmes nauséabonds de la droite et la droite extrême.

Les confédérations syndicales jouent avec le feu. Elles agissent comme si elles voulaient que le mouvement qu’elles ne contrôlent pas s’arrête. C’est une faute politique. Elles se coupent ainsi de pans entiers de travailleurs défavorisés, précarisés, à faibles revenus. Elles ne permettent pas au potentiel de radicalisation politique des gilets jaunes de s’exprimer et d’engendrer une dynamique. Si le mouvement stoppe, sans obtenir d’autres concessions du gouvernement, les syndicats n’en ressortiront pas grandis et revêtiront le costume de la collaboration étatique. Les gilets jaunes s’éloigneront encore davantage des confédérations syndicales (voire le peu de votants dans les TPE et PME lors des élections syndicales). De surcroît, l’extrême droite est en capacité d’attirer une frange des gilets jaunes dans ses filets. Ils renforceraient le vote protestataire si ce n’est un vote d’adhésion. Alors, il est encore temps de montrer notre détermination à agir ensemble et à faire entendre nos revendications. Lors d’un mouvement social, les personnes impliquées sont davantage à l’écoute bien que l’outil Face-Book soit handicapant sur le plan de la réflexion et des Fakes-news. Ce même outil, utile pour les appels à manifester, est un véritable piège qui sert à la police pour confondre certains manifestants (tenues vestimentaires…).

Nous appartenons à un état social institué qui crée les inégalités et le gouvernement des riches. Cet ordre social est injuste et doit être combattu. C’est pour cela que nous sommes dans la rue.

Il s’agit maintenant de peser dans les débats au sein du mouvement. Nous sommes contre :

– ce débat national organisé et balisé par le gouvernement qui ne répond en rien à nos attentes mais sert à étouffer le vent de révolte. Ce débat a une vocation pacificatrice.

– les nouvelles attaques aux droits des travailleurs, des  précaires et privés d’emploi ;

– la suppression de nos cotisations sociales, la surimposition des retraités ;

– Les salaires de merde, les contrats précaires, les fins de mois difficiles, le chantage à l’emploi, le mal-logement ;

– les dérives  autoritaires du gouvernement ;

– l’ubérisation et l’illusion de l’auto-entreprenariat ;

-l’étatisation et la privatisation de la Sécu ;

– une justice à deux vitesses ;

-les limitations de l’accès à l’enseignement public post-bac ;

– l’assujettissement de la pédagogie scolaire aux logiques productives, consuméristes et sécuritaires ;

– le fascisme qui pointe son groin ;

– les atteintes à nos libertés, contre le tout sécuritaire et la justice bourgeoise.

Nous sommes pour :

– le partage égalitaire des richesses ;

– l’augmentation générale, immédiate et conséquente des minimas sociaux, des salaires et des retraites ;

-Faire peser le rapport de force sur les entreprises et leurs actionnaires ;

– l’interdiction des licenciements ;

– une réduction massive du temps de travail afin de vivre mieux et partager le travail ;

– l’autogestion et la généralisation du service public ;

– la gestion directe des entreprises ;

– garantir la vie et la diversité aux générations futures ;

–  une écologie radicalement anticapitaliste ;

– un véritable service public de soin pour les patients et résidents des Ehpad avec paiement des frais d’établissement en fonction des ressources et la non-sollicitation des obligés alimentaires ;

– l’arrêt des exonérations de cotisations sociales patronales ;

– l’amnistie pénale et civile pour l’ensemble des gilets jaunes condamnés depuis la mi-novembre.

NOTRE MISÈRE C’EST LEURS PROFITS. C’EST NOUS QUI TRAVAILLONS, C’EST NOUS QUI DÉCIDONS.

SI PERSONNE NE TRAVAILLE POUR TOI, QUE PERSONNE NE DECIDE POUR TOI !