Gilets jaunes Le Havre: Travaillons ensemble sur ce qui nous rassemble.

Le Havre Gilets jaunes 12 janvier

Travaillons ensemble sur ce qui nous rassemble.

La force de notre mouvement des gilets jaunes, (bien que certains ne mettent pas de chasuble et c’est aussi bien), c’est son auto-organisation, c’est son autonomie. Il a échappé au contrôle habituel qu’exercent les bureaucraties syndicales et politiques sur les mouvements sociaux depuis des décennies. De ce fait, il s’aventure davantage sur le terrain du rapport de force et de l’action directe délaissé par les responsables politiques et les dirigeants syndicaux qui n’ont eu de cesse depuis bien trop longtemps, de nous balader de manifs traîne-savates en manifs ballons et de maintenir cloisonnés les secteurs professionnels les plus combattifs en lutte. Nous avons le plus souvent fait preuve, de ronds-points en manifs, et de manifs en blocage, d’une réelle solidarité et d’imagination. Combinant sans hiérarchisation les tactiques de lutte et en les variant, nous avons su taper le pouvoir au seul endroit qui lui fait mal : le porte-monnaie. Mouvement peu lisible pour le pouvoir, nous lui avons fait davantage peur que la plupart des mouvements traditionnels. C’est pour cela qu’il a lâché quelques miettes.

L’urgence c’est de retrouver une force collective supérieure à même de pousser le pouvoir à lâcher encore davantage. Pour taper au porte-monnaie et gagner en disponibilité, il serait souhaitable de généraliser la grève. La grève reste le moyen le plus efficace pour bloquer l’économie. Mais ne nous trompons pas, les directions syndicales ne nous seront d’aucune aide. Il faudra certainement redonner vie à des coordinations puisque les syndicats manquent de crédibilité et d’adhérents. Nous pourrions utiliser le biais du boycottage en ne consommant plus deux ou trois produits phares ; nous aurions un poids énorme.

En attendant, nous n’avons d’autre perspective que de nous organiser par nous-mêmes et pour nous-mêmes et d’étendre la révolte. Vers les entreprises, les lycées, les facs, les services publics, les chômeurs, les retraités….C’est tous ensemble qu’il faut lutter. Pour gagner.

C’est super que des assemblées s’ouvrent, et permettent de se défaire d’une démocratie sclérosée, loin des militants professionnels. Les Assemblées ne doivent pas, pour nous, être le lieu d’une quelconque hégémonie politique, mais un espace d’échange, de coordination, d’entraide et de solidarité. Le lieu où s’expérimente plus qu’une souveraineté, une liberté retrouvée. Elles peuvent permettre de combiner des tactiques de lutte, de forger des moyens de se coordonner qui échappent à la vigilance policière, d’éviter qu’émergent des leaders autoproclamés ou accidentels. Les Assemblées ne sont pas Tout. Elles ne doivent pas museler la spontanéité de nos luttes.

Le travail en groupe affinitaire, entre gens sur les mêmes bases, ou entre gens sur un rond-point, les actions spontanées peuvent être parfois bien plus efficaces que de gros rassemblements. Et les manifs sauvages sont parfois bien plus perturbantes pour le pouvoir que celles que nous passons des semaines à préparer. Il ne faut pas fétichiser la forme pour la forme. Par contre ce que nous portons, nous n’entendons pas le porter au nom du Peuple, d’une classe ou des dominé-e-s, mais en notre propre nom. Ras-le-bol des gens qui parlent au nom du Peuple alors qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes.

Dans ce mouvement, nous faisons l’expérience que nous pourrions nous organiser au niveau local sans représentant-e-s, ni patron-ne-s, sans Etat. Juste avec des porte-paroles mandatés et révocables à tout moment par nos assemblées populaires. Au niveau de nos quartiers, de nos communes, de nos boîtes, nous pourrions par et pour nous-mêmes organiser nos vies, dominer une économie qui nous domine toujours davantage. Nous ne nous faisons pas d’illusions. Nous savons que ces aspirations « révolutionnaires » n’ont guère de chance de trouver de débouchés dès aujourd’hui, mais ce que nous vivons en commun, aujourd’hui, permettra peut-être qu’Etat et capital nous lâchent davantage de pognon et de droits et que se tissent des complicités, que s’aiguisent des résistances et des manières de lutter. C’est un autre futur que nous préparons pour une égalité économique et sociale.

Si le gouvernement des riches est aujourd’hui déstabilisé comme jamais, il n’a pas encore cédé sur l’essentiel et s’enfonce dans le déni et le délire répressif. Il prétend comprendre la colère mais accélère sa politique de régression sociale et de paupérisation des classes moyennes.

Au-delà des manifestations de gilets jaunes, au-delà de la grève qui sera nécessaire, il faut faire peser le rapport de force sur les entreprises et leurs actionnaires !

Ce sont eux qui tirent profit de la casse de nos droits organisée par les différents gouvernements successifs, de gauche comme de droite, aggravée avec les dernières « lois Travail ». Ce sont eux que nous subventionnons à nos frais depuis des années, que nous engraissons par notre travail car c’est nous qui produisons les richesses. Ce sont donc eux qui captent la plupart des richesses que nous créons : les profits des boites du CAC 40 reviennent 15 fois plus aux actionnaires qu’aux salariés (encore 57,4 milliards d’euros de dividendes reversés en 2018).

Il est temps que les richesses générées par les travailleurs et les travailleuses leur reviennent !

Aujourd’hui nos libertés sont menacées ! Le niveau de violence orchestré par l’état est sans précédent dans l’histoire récente avec des centaines de blessés (plus de 1700 !) et des milliers d’arrestations. Pire, le gouvernement prévoit encore d’autres mesures répressives destinées à nous empêcher de manifester et de revendiquer librement.

Il est important de se battre et de se mobiliser encore davantage pour aller vers une société égalitaire, fraternelle, écologiste et autogestionnaire ! Ensemble faisons émerger un véritable projet de société en rupture avec les valeurs et les voleurs capitalistes. Ce n’est pas le débat prévu par Macron qui nous y aidera. Macron ne veut pas entendre parler de la suppression de l’ISF ni des aides accordées au patronat. Il pose des questions fermées et définit les thèmes abordés. Nous y reviendrons plus tard.