Gilets jaunes et extrême droite ?

L'amour est fort que la violence d'Etat

Gilets jaunes et extrême droite

N’en déplaise aux militants politiques, y compris certains libertaires, le mouvement des gilets jaunes n’est pas une émanation de l’extrême droite. Certes comme nous l’avions indiqué dès le début du conflit, dans certains coins, la présence de militants d’extrême droite est prégnante et nauséabonde mais sur l’ensemble du territoire cette présence n’est pas si significative que cela. Les dernières enquêtes sociologiques sur les gilets jaunes nous confirment ce que nous avions observé dans nombre de localités. Nous indiquions que la question identitaire avait été reléguée loin derrière la question sociale et que la motivation principale des gilets jaunes était d’ordre économique, notamment sur le pouvoir d’achat. Seules deux personnes sur 166 interrogées ont mentionné la gestion de l’immigration dans leurs réponses aux deux questions présentées (cf Le Monde du 12/12/2018 p. 23). Le problème, c’est que Macron, lors de son allocution télévisée du 10 décembre a indiqué qu’il mettrait la question de l’immigration sur la table. Il tient absolument à garder le cap et se présenter en rempart contre Marine Le Pen lors des élections européennes, quitte à jeter de l’huile sur le feu. Il parlait de réconcilier les Français mais c’est à un autre exercice qu’il s’apprête : diviser les Français pour mieux régner.

Les politiques sont perdus et c’est tant mieux, eux qui ont toujours magouillé pour garder ou obtenir le pouvoir. On aura beau dire que le mouvement des gilets jaunes est gangréné par l’extrême droite, on s’aperçoit que seuls 5,4% des participants se situent à l’extrême droite, c’est encore trop mais finalement bien peu. On n’est pas dupe et on sait que des groupuscules fascisants jouent aux léninistes et font de l’entrisme, mais globalement, ils ne peuvent intervenir partout tant le mouvement est décentralisé et que les gens ne veulent plus de chefs.

Un autre chiffre est significatif, 81% des gilets jaunes considèrent que les partis politiques n’ont pas leur place dans le mouvement, y compris donc le R.N. de Marine Le Pen (64% pour les syndicats).

Ces gilets jaunes, primo-manifestants, s’auto-organisent et recherchent du sens et du collectif. Les libertaires ne peuvent que se réjouir de cette défiance vis-à-vis des politiciens. Ne boudons pas notre plaisir.

Les mesures annoncées par Macron vont apparaître pour ce qu’elles sont : un pansement sur une jambe de bois. Le président des riches manipule toujours ses auditeurs. Prenons l’exemple des retraités. Il leur annonce la suppression des 1,7% de la CSG pour tous ceux et celles qui ont un revenu inférieur à 2000 euros. Renseignements pris, il faut tenir compte du RFR (Revenu fiscal de référence) qui devra être inférieur à 34200 euros pour un couple. On est loin des 2000 euros pour chaque personne, nets ou bruts. Outre son habileté à faire des effets d’annonces bancals, il ne revient pas sur la non-indexation des retraites par rapport au coût de la vie. Les retraités sont encore lésés.

Enfumage aussi pour la pseudo-hausse du SMIC car il n’y aura pas d’augmentation de salaires. Il n’y aura qu’une augmentation de la prime d’activité que touchent certains des salariés au Smic. Et encore, cette augmentation intègre les augmentations de la prime d’activité qui avaient déjà été annoncées pour 2020 et 2021. Macron ne veut donc pas réduire les profits des patrons ni rogner sur la fortune des riches. Cette augmentation minime du Smic ne sera pas payée par les patrons mais par les dépenses publiques, en augmentant les impôts ailleurs  ou en détruisant encore plus les services publics. En clair, ce sont les Français qui vont payer cette petite hausse. Macron est toujours dans une logique de classe. On prend dans la poche des petites gens pour redistribuer à d’autres petites gens, mais surtout sans solliciter les plus riches, ses amis du grand patronat.

Tant qu’à la défiscalisation des heures supplémentaires, si elles peuvent mettre parfois du beurre dans les épinards, elle a son pendant : la non embauche de salariés, c’est-à-dire un chômage qui ne diminuera pas. Sarkozy, un des mentors de Macron, a encore frappé.

Les gilets jaunes n’ont pas été endormis non plus par Macron: au niveau justice fiscale, rien sur l’ISF, rien sur les augmentations de salaires du privé et de l’augmentation du point d’indice chez les fonctionnaires, rien non plus sur le temps de travail, rien sur les services publics (arrêt de toutes les destructions en cours : maternité, bureaux de poste, écoles qui vont fermer…), rien sur son projet de retraite ou la revalorisation des pensions. Rien sur la jeunesse qui lutte pour une meilleure égalité des chances et qui se fait matraquer à tour de bras par une police qui se lâche.

Justice sociale, justice fiscale, égalité économique et sociale, voilà la voie à suivre. Il ne faut rien lâcher. Macron et les patrons, aidés par la CFDT du côté syndical et LR du côté politique, pense que la trêve des confiseurs aura raison du mouvement des gilets jaunes. Rien n’est moins sûr !

Quant à ceux qui magouillent dans leur coin pour monter une liste aux élections européennes, on s’aperçoit qu’ils jouent leur partition et essaient de profiter de l’aura des gilets jaunes pour devenir aspirants députés, qui une fois en place, feront le jeu du pouvoir auquel ils appartiendront alors. Le meilleur service à leur rendre, c’est d’indiquer dès aujourd’hui qu’aucun gilet jaune ne votera ni pour eux ni pour les autres, qui votent tous des lois en faveur de ceux qui ont le pognon !

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