Gilets jaunes: Ni dieu ni maître

Pinocchio

Les politiciens reprennent la main et le piège électoral se referme sur les gilets jaunes. Edouard Philippe se dit intéressé par le R.IC., pas n’importe comment, ni tout le temps; mais le premier ministre trouve l’idée séduisante. Cela devrait mettre la puce à l’oreille des Français. Quand un gilet jaune propose un R.I.C. et qu’un gouvernement applaudit, le gilet jaune devrait réfléchir et se demander quelle connerie il a pu sortir. Parallèlement, ce même gouvernement lorgne de manière sympathique sur la liste « Gilets jaunes » qui se met en place pour les européennes. Le but c’est évidemment d’affaiblir le R.N. et dans une moindre mesure la France Insoumise. Comme quoi, le bidouillage des élections et ses combinaisons n’ont pas fini de diviser le mouvement social des gilets jaunes.

Les intellectuels prennent le train en marche. A défaut d’avoir participé aux « Ronds-points » et aux manifestations décentralisées, ni de les avoir vu venir, chacun y va de son analyse. Pour la gauche en général et les écologistes, il faut être très ferme vis-à-vis de l’extrême droite. Les partisans de la lutte des classes seraient passés avec armes et bagages du côté des populistes. Pour d’autres, il faut renouer les liens entre critiques du système et émancipation. D’autres encore dénoncent « un chantage électoral à la peste brune».

Pour les militants qui pratiquent le syndicalisme au quotidien, le mouvement des gilets jaunes reflète ce qui traverse les milieux professionnels. Dans un syndicat, plusieurs opinions cohabitent. Quant aux votes des adhérents, ils vont de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par un fort taux d’abstention.

Soyons clairs, nous refusons de discuter avec les militants d’extrême droite, les chevronnés et les irréductibles. Il faut les combattre, un point c’est tout. Et c’est loin d’être gagné avec leurs alliés objectifs du gouvernement qui agissent en priorité pour les riches, ce qui se voit de plus en plus et qui est de plus en plus mal supporté par les gens. Cette gouvernance a des incidences…

En ce qui concerne ceux qui votent à l’extrême droite, s’ils ne sont pas militants mais simples votards, la discussion reste possible. Elle est même nécessaire si l’on veut que l’adversaire du moment change d’avis car l’électeur est un zappeur. Il essaie un coup à droite, puis un autre à gauche puis à l’extrême droite, ou encore s’abstient, rien n’est figé. La discussion sur les ronds-points s’effectue de la même manière que dans la section syndicale. C’est souvent celui qui argumente le mieux qui est suivi par le gros de la troupe. Les libertaires sont contre la délégation de pouvoir et s’activent pour que chaque personne prenne son sort en main. Pas besoin de tribun, ni de chef, encore moins de gourou. D’où la nécessité d’être présents pour discuter et proposer d’autres modèles de société : autogestion…

Par qui sont tenus les ronds-points ?  Prenons l’exemple du Havre, ville ouvrière où existe encore un syndicalisme important, notamment celui des dockers. Ce sont bien les dockers avec leur parka, les communaux d’Harfleur et de Gonfreville l’Orcher, villes communistes, qui étaient principalement sur le blocage des ronds-points au début. Ainsi que quelques libertaires. Ou des travailleurs de Sidel sur le rond-point d’Octeville. Il est évident que dans d’autres communes où le R.N. a des capacités militantes, les ronds-points sont tenus par des militants d’extrême droite. Dans certains villages, on trouve des échos libertaires ou d’extrême gauche. C’est la diversité qui fait la force des gilets jaunes, pas leur homogénéité, qui n’existe pas. D’ailleurs c’est parfois la foire d’empoigne d’un rond-point à un autre dans une même ville. Après avoir fait connaissance, les gens se regroupent par affinité.

Maintenant, les travailleurs ont bien vu que faire grève, en perdant du fric et avec des interlocuteurs qui se fichent des responsables syndicaux, cela ne payait pas. Le mouvement des gilets jaunes, sans leader, a fait davantage que les partenaires sociaux. Les gilets jaunes sont des opposants, pas des partenaires. Car on n’est pas dans la même galère. En bas, on rame, en haut, on est promené et on balance quelques coups de trique de temps à autre pour avancer plus vite, dans le sens d’un pactole à récupérer.

Idem pour le vote. De plus en plus, les travailleurs se rendent compte que voter ne sert à rien ou pas grand-chose. Le vote aujourd’hui est un vote de défiance et on vote par défaut ; c’est ce qui s’est produit pour l’élection de Macron. On vote pour celui qu’on pense le moins pire…d’où les désillusions.

Alors sur les ronds-points, dans les manifestations, nos propositions libertaires doivent aller nécessairement dans le sens d’une émancipation globale, pour une égalité économique et sociale. Cela exclut toute référence au racisme, au sexisme, à l’homophobie…On ne s’émancipera pas en laissant une catégorie d’individus sur le bas-côté ou à la traîne. Ce sera le principe du « Tous ensemble » mais pour l’émancipation de tous et toutes pour chacune et chacune.

Micka (GLJD)