Gilets jaunes et Coronavirus

Révolution3

Le patron a besoin de toi, tu n’as pas besoin de lui.

La crise sanitaire sera-t-elle doublée d’une crise sociale ? Telle est la grande peur de la bourgeoisie. Les Français s’aperçoivent que le pays ne peut tourner que si les gens vraiment utiles continuent à travailler : les employés de magasins dont les caissières sont la figure emblématique, les chauffeurs-routiers qui acheminent les denrées, les éboueurs qui vident nos ordures, les femmes de ménage qui astiquent et assainissent les bureaux, les boîtes aux lettres…, les personnels des services publics dont ceux de la santé qui font face au défi du coronavirus et du manque de matériel pour soigner et juguler ce fléau. Les petits commerçants : boulangers, bouchers, fruitiers…enfin ceux qui n’ont pas été laminés par les grandes surfaces, continuent à servir les clients. Les agriculteurs produisent et alimentent la population. Les ouvriers continuent à aller au charbon dans l’ensemble. Pendant ce temps, les cols blancs se confinent chez eux ou dans leur résidence secondaire et télétravaillent en évitant tout contact avec la plèbe. Les magnats de la finance et de la technologie font profil bas, en attendant leur heure. Comme l’avait déjà évoqué David Graeber, ceux qui font un travail socialement utile sont ceux qui sont les moins bien rémunérés notamment les personnels de santé.

Les moins bien payés assurent les emplois les plus vitaux pour la société ; dans le même temps, ils sont les plus exposés au risque de contamination.

Macron aura beau dire, ainsi que l’hypocrite Edouard Philippe, que la nation est reconnaissante à ceux qui sont en première ligne. Ils auront beau passer la pommade, vanter les mérites des uns et des autres, la classe ouvrière qui fait les grandes mains pour que la boutique France continue à vivre sait très bien de quoi il en retourne. Les patrons et l’Etat exploitent de manière éhontée les travailleurs.

La santé va gagner un plan massif d’investissements, une revalorisation des carrières…tant mieux, ce n’est que justice. Mais il ne faudra pas oublier les autres, ceux qui quotidiennement viennent bosser la boule au ventre et sont payés des brouettes. Après le mouvement des gilets jaunes, la lutte des classes refait surface du côté où on ne l’attendait pas. La crise sanitaire se met dans les pas des Gilets jaunes. Cette fois, espérons que les salariés ne se contenteront pas d’une simple prime mais exigeront une réelle revalorisation salariale. Les médailles, les honneurs…c’est bon pour les gogos, ça ne nourrit pas son homme. Il va falloir allonger l’oseille.

Parallèlement, nous devrons demander des comptes. Pourquoi demander à des métallos de l’industrie automobile de s’atteler à fabriquer des respirateurs alors qu’il suffisait de reconvertir des pans entiers des usines d’armement pour créer et fournir en masse ces respirateurs tant vitaux pour la réanimation de milliers de personnes. Peut-être que le pouvoir ne veut pas qu’on s’aperçoive qu’il est facile, pour sauvegarder l’emploi, de changer son fusil d’épaule et assumer la reconversion des industries d’armement à toutes fins d’utilité sociale. La vie contre la mort. Puisque nous sommes en guerre, il fallait réquisitionner ces usines en priorité.

Sachant qu’après la crise financière de 2008, après avoir renfloué les caisses des banques, ces dernières ont continué leurs mauvaises pratiques, leurs placements pourris, nous savons que la classe politique, si elle n’est pas bipassée, ne changera pas l’ordre des choses mais au contraire voudra revenir à l’ordre ancien, l’autoritarisme en plus. Quand on vante les mérites du système chinois, on a de quoi s’inquiéter pour nos libertés. Les bénéficiaires de l’ordre établi, celui de leurs avantages de classe, feront pression pour qu’on octroie quelques miettes (primes) à ceux qui ont réellement tenu les rênes de l’économie. Pour mieux leur reprendre cette aumône un peu plus tard, par l’inflation ou quelques subterfuges économiques qui feront illusion comme à l’accoutumée. Alors, de nouveau, les patrons pourront continuer à patronner, les agioteurs continueront d’agioter, les profiteurs profiteront et les classes populaires travailleront dans un bel effort de concorde et de redressement national pour sauver le capitalisme, destructeur des espèces, responsable de la pollution et du naufrage écologique qui risque de nous coûter bien plus cher que la crise du Coronavirus. Tant que les travailleurs écouteront les sirènes des politiciens et se soumettront au patronat et à l’Etat, ils continueront à être les dindons d’une farce qui dure depuis trop longtemps. Le commencement de la prise de conscience, c’est l’abstention active. On ne vote plus, on occupe la rue. Sans cela, nous repartirons comme en 14 ! Le deuxième stade, c’est la Révolution sociale et libertaire.

Patoche (GLJD)