Gilets jaunes et antimilitarisme ?

De la nourriture pas des bombes !

Gilets jaunes et antimilitarisme ?

Politiques et syndicalistes ne sont pas les bienvenus sur les ronds- points et les barrages, c’est dire le fossé qui s’est creusé entre le monde syndical et la population qui travaille. Les politiciens, on était habitué à les voir exclus, mais les syndicalistes, c’est plutôt nouveau. Il faut dire que nombre de militants réfléchissent beaucoup dans leur tour d’ivoire…et le nombrilisme a gagné d’année en année les milieux qui étaient autrefois proches des travailleurs. L’éloignement entre gilets jaunes et syndicalistes (même si parfois des personnes ont la double casquette) peut trouver son explication dans le décalage entre revendications immédiates des uns et théorisation ou intellectualisation des luttes des autres.

Néanmoins, le ras-le-bol est général et petit à petit d’autres luttes se fédèrent à cette révolte des gilets jaunes, comme les lycéens et les étudiants.

Macron n’a rien lâché sur l’essentiel, c’est acté par l’ensemble des gilets jaunes. Exemple d’enfumage : la proposition de prime exceptionnelle de 1000€ en 2019 ne concernera uniquement que les entreprises volontaires. Pas de contrainte pour les entreprises, comme d’habitude, ce sont les grosses entreprises, où les salariés sont correctement payés (Total…) et qui font de gros bénéfices qui paieront. Excluant de faite les petites et moyennes boîtes qui argueront de la crise pour ne pas régler cette prime.

Nous n’avons pas entendu le président des riches, Macron, revenir sur l’ISF ni sur les milliards de dons aux entreprises (40 milliards supplémentaires pour le CICE en 2019 et sa transformation en allégements de cotisations sociales, sans compter la baisse de la fiscalité sur les sociétés). Il continue d’assécher le financement de la protection sociale (les fameuses baisses de « charges »). Rappelons quand même que les cotisations sociales ne sont pas des « charges » mais une partie intégrante de nos salaires, socialisés, pour nous protéger des aléas de la vie. Macron n’évoque jamais le salaire différé des travailleurs…

Toutes les mesures annoncées seront donc payées par les impôts ou les assurés. Le patronat s’en sort bien comme d’habitude. Il n’est pas mis à contribution, cela nous aurait étonnés. Macron l’a bien joué dans l’immédiat, car ses mesures comportent nombre de zones de flou. A terme, pas sûr que sa crédibilité en sorte renforcée.

C’est en maintenant notre rapport de force que l’on doit viser les entreprises et leurs actionnaires. Ce sont eux qui tirent profit de la casse de nos droits, casse organisée par les différents gouvernements successifs, de droite comme de gauche, casse aggravée par les dernières « lois Travail ». Ce sont eux que nous subventionnons par notre travail, depuis des années. Ce sont eux qui captent la plupart des richesses que nous créons : les profits des boîtes du CAC 40 profitent davantage aux actionnaires qu’aux salariés.

Il est temps que les richesses générées par les travailleurs leur reviennent. La mobilisation au sein même des entreprises, par la grève, sera aussi le moyen d’aller les chercher. Il faut une convergence entre travailleurs, chômeurs, étudiants et retraités. Avec une solidarité intergénérationnelle.

Avec l’injustice fiscale et le pouvoir d’achat, la question des inégalités d’accès aux services publics est un élément majeur de la crise actuelle. Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, vient d’annoncer qu’il augmenterait le salaire minimum de 22% à partir de 2019. Alors, Macron, encore un petit effort…

La défense et le développement des services publics est au cœur de la question de la répartition égalitaire des richesses. C’est en faisant le lien avec tous les combats menés : combats écologiques, défenses de ZAD, combat des fonctionnaires, touchés aussi par le gel de leurs salaires… que nous aurons une chance de gagner.

Il est cependant curieux de n’entendre personne dire que le budget de l’armée est exorbitant et que les milliards  mis dans la programmation militaire serait plus utile dans les œuvres de vie que dans celles de mort. Que l’on ne vienne pas nous parler du terrorisme, il est déjà là et se rappelle malheureusement et régulièrement à nos souvenirs, malgré tous les moyens humains et financiers mis en place. Le Bataclan, hier, Strasbourg, aujourd’hui. Qu’on réfléchisse cependant à la manne financière qui est injectée tous les ans dans l’armement et les opérations militaires à l’extérieur (Afghanistan, Syrie, Mali…). Voilà un budget qui doit être mis aussi à contribution.

En attendant, les députés LREM n’ont pas compris le message des gilets jaunes, ce ne sont que des robots déconnectés du réel, une espèce d’intelligence artificielle, sans la moindre once d’empathie. Les voilà à nouveau qui essaient de diviser les Français à propos des retraites pour mieux garder leur cap. Ils nous disent qu’il faut maintenir la réforme des retraites : « Elle mettra un terme à l’opacité. C’est bien ce que reprochent les Français aujourd’hui. » Le projet serait en phase avec certaines des attentes exprimées par les gilets jaunes. (Le Monde du 13/12/2018). Le gouvernement Macron nous dit qu’il y aura pour les retraites des gagnants et des perdants, en occultant le fait qu’il y aura davantage de perdants que de gagnants. Les macronistes ne désarment pas, eux, et attendent la prochaine accalmie pour mettre en œuvre leur projet ultra-libéral qui impactera l’ensemble des travailleurs..