Pour en finir avec la culpabilisation des abstentionnistes

Ne paie pas

Pour en finir avec la culpabilisation des abstentionnistes

Agir au lieu d’élire, voilà un slogan qui gagne en audience et qui se met en application au fur et à mesure des joutes électorales. Cette prise de position des abstentionnistes s’inscrit dans un projet politique qui vise à déconstruire toutes les formes de pouvoir afin d’organiser les luttes économiques et sociales d’aujourd’hui et à venir. C’en est fini de courir après la démocratie représentative ou la dite démocratie participative sa petite cousine. Ces types de démocratie permettent au système en place de se maintenir voire de se renforcer en laissant sur le bord du chemin des millions de pauvres, de mal logés et tous « les sans » qui essaient de survivre tant bien que mal mais plutôt mal. Nous ne le répèterons jamais assez que l’égalité politique sans égalité économique est une fiction.

La droite et la gauche usées jusqu’à la corde agitent la menace des extrémistes et des populistes sans indiquer que le populisme comme le fascisme se nourrissent la plupart du temps à la mamelle électorale. Mais ce n’est pas l’abstention qui favorise les identitaires, le F.N. ou autres chapelles d’extrême droite. En d’autres termes, les politiciens en poste ou aspirant à l’être tentent de nous faire croire qu’on doit voter pour éviter le pire alors qu’ils sont responsables de cette montée d’idées nauséabondes. En clair les politicards cherchent à se dédouaner en trouvant un bouc-émissaire : l’abstentionniste, en effectuant un transfert de responsabilités. Regardons tous ces Dumas, DSK, Guérini, Cahuzac, Pasqua, Carignon, Woerth, Copé, Buisson etc…avec toutes les casseroles qu’ils se traînent. Les dernières décennies nous ont démontré que les stratégies électoralistes ont plombé l’action collective.

Mais de plus en plus de citoyens désirent s’abstenir afin de ne plus cautionner les partis et ils démontrent aussi qu’ils ne comptent pas céder aux sirènes de l’extrême droite. Dans ce cadre l’abstention relève d’un acte éminemment politique. Ils en ont assez d’élire un mandataire qui de fait n’a aucun mandat à respecter et qui fait souvent le contraire de ce à quoi il s’était engagé.

Refuser d’exercer son droit de vote, c’est casser la légitimité du pouvoir fondée sur un épisodique lien électoral et affirmer sa souveraineté individuelle dans un avenir collectif.

La gauche aura beau lancer des appels à une conscience républicaine, elle nous repasse les mêmes plats sans perspectives attractives. Ne doutons pas que de nombreuses personnalités du monde politique voire syndical ou associatif jouent leur poste et leurs petits pouvoirs mais toutes ces personnes ne nous demandent en réalité que de continuer à jouir de leurs prérogatives et à fonctionner sur la délégation de pouvoir. L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, cette proclamation datant de la Première Internationale dont on fêtera les 150 ans cette année n’a jamais autant été d’actualité.

Le dernier tour de force du gouvernement Hollande a été d’envisager le gel des avancements dans la fonction publique. Sarkozy avait promis quant à lui des suppressions de postes par milliers pour avoir des agents mieux payés. On sait ce qu’il est advenu de cette promesse : des dizaines de milliers de postes supprimés avec des fonctionnaires dont le point d’indice est bloqué depuis 2010. Hollande voulait-il parachever le travail entrepris par la droite ? Dans le secteur privé, le pouvoir d’achat est lui aussi bloqué et les plans de licenciements se suivent en cascade : le taux de chômage atteint des records. Encore des promesses non tenues…Alors abstentionniste, fais des petits pour rendre illégitime leur démocratie, retrouve le chemin de la lutte car le capitalisme sera éternel si  l’histoire se fossilise dans l’urne.

(Groupe libertaire Jules Durand)