Du trotskysme au grand remplacement

L.H

Théorie du racisme (suite)

Ses attaques contre le capitalisme « barbare » sont menées sous l’angle du mépris absolu des valeurs humaines, mépris basé sur la méconnaissance des valeurs héréditaires, des traditions et des hiérarchies raciales… Les principes d’égalité sont source de tous les maux : « En proclamant une fois de plus ses principes fondamentaux d’ «égalité » qui lui permettent d’obtenir à bas prix une armée de travailleurs dociles, le capitalisme favorisa la transplantation des populations et le brassage des races. Il pensa ainsi obtenir par métissage une masse toujours plus nombreuse de sous-hommes sans traditions, sans liens politiques et par-là sans moyens de défense et qui ne mettraient pas en doute les principes de domination que cette société contre nature a instaurés. » Binet publie en 1950, ce qui ne tient par conséquent aucun compte des migrations actuelles. Il aurait pu pousser son analyse de l’utilisation d’une main d’œuvre étrangère pour baisser le coût du travail et peser sur la main d’œuvre locale mais Binet préfère aborder l’immigration, nommée transplantation des populations, qui préparerait sous couvert d’égalité le nivellement au niveau des  « sous-hommes » de toute civilisation humaine. Les différentes vagues d’immigrants bretons, auvergnats, polonais, italiens, espagnols…apprécieront d’être considérés comme des sous-hommes. Car le racisme est aussi à expliquer de cette manière.

Binet accuse la société capitaliste comme le feraient des militants de gauche sur les plans économiques et social mais y ajoute sa touche personnelle raciste concernant les élites raciales qui défendent leur peuple. Il y dénonce le métissage, source, pour employer des termes plus contemporains, de délinquance, d’insécurité : « Il a créé un nombre croissant de métis et d’éléments antisociaux et asociaux de moins en moins contrôlables et gouvernables, suivant les procédés politiques du libéralisme capitaliste. » C’est dire si Binet est une source d’inspiration de la racaille fasciste. Ajoutons au vocabulaire traditionnel, le cosmopolitisme…Concernant son anticapitalisme de façade, nous pourrions préciser que les fascismes italien et allemand par exemple ont utilisé la voie électorale et ont été soutenus par les élites de leur pays respectif, notamment les puissances financières tant honnies. Pour le dire autrement, d’un côté pour la galerie, nous trouvons des apparences antiparlementaires  et de l’autre pour conquérir le pouvoir, les fascistes utilisent la carte électorale. En clair, c’est grâce aux élections dites démocratiques que les fascistes sont arrivés au pouvoir : le pouvoir des urnes et de la majorité électorale à un moment donné. Pour effectuer une digression fort utile en ces temps de montée de l’extrême droite, nous avons constaté de par le passé qu’elle n’accédait pas au pouvoir par coup d’Etat mais graduellement, par étapes. Et il faut souligner la responsabilité majeure de Mitterrand dans la progression du FN et que Macron, en instaurant un duel avec le RN, reste dans les pas de l’ancien président dit socialiste. Macron tient donc une responsabilité historique et politique dans la montée de l’extrémisme de droite. Les choix politiques ne sont pas indissociables des orientations économiques de la bourgeoisie capitaliste et si cette dernière se sent menacée, elle choisira toujours l’ordre nouveau aux contestations populaires qui pourraient remettre en cause son hégémonie. Plutôt Hitler que le Front populaire !

Binet se réjouit par ailleurs de la naissance d’une conscience de race où « nul ne peut finalement s’opposer d’une façon permanente aux lois de sa propre race et tout le développement des sociétés actuelles n’est qu’une longue lutte des forces biologiquement saines contre les règles antinaturelles du Capitalisme. » Il compte beaucoup sur l’armée qui balaiera l’Etat capitaliste. C’est le rêve de tous les autoritaires. D’autre part, Binet remet en cause la couche dirigeante de l’Etat capitaliste qui représente de moins en moins le peuple, ce dernier devant pour améliorer son sort économique lutter pour l’indépendance politique et pour la protection de la race.

Binet nous prévient que les conceptions racistes ne sont pas des conceptions artificiellement créées pour les nécessités d’un combat électoral ou sur une intervention arbitraire. « Elles sont le résultat d’une analyse historique précise, suivant les méthodes rigoureuses de la recherche scientifique moderne. » Nous voilà avertis, les racistes sont des historiens et des scientifiques. On n’est jamais mieux servis que par sa propre caution.

Travail, honneur, devoir et dignité…Binet précise le sens de son socialisme raciste, termes antinomiques, mais la récupération est facile pour les simples d’esprit : « Tous les membres de la Nation et de la Race associés  à des devoirs semblables et associés aux profits que crée l’accomplissement de ces devoirs. » Nation, Race et Sang, Honneur, Sol et Nation, Discipline, Fidélité et Camaraderie…la panoplie du petit nazi.

Il attaque pêle-mêle le néo-malthusianisme, l’avortement, l’alcoolisme, les taudis, les mélanges systématiques des sangs…responsables de la dégénérescence de la famille. Par conséquent, l’Etat raciste devra prendre en main l’éducation de la jeunesse qui créera des foyers sains et purs. Les racistes entendent là aussi arracher la jeunesse à l’influence des races inférieures et de leurs conceptions « morales ». Les racistes préconisent de procréer et de renvoyer les femmes au foyer, ces dernières devant être les gardiennes du sang, mères de la race et de l’Etat…Tout un programme d’émancipation.

Binet prône aussi la ségrégation et le retour aux pays des éléments de races inférieures : « (L’Etat) devra écarter radicalement des espaces appartenant traditionnellement aux races supérieures et veiller à leur réintégration dans leurs espaces d’origine. C’est le retour au pays…

L’extrême droite d’aujourd’hui puise ses idées dans le programme de René Binet en édulcorant certains aspects de son idéologie. Il n’est plus de bon ton de se réclamer du nazisme quoique certains n’hésitent pas à franchir le Rubicon.

Demandez le programme !

Voilà les premières mesures préconisées par les racistes dans les pays occidentaux.

Sur le plan biologique :

–          Lois de protection de la race et ségrégation ;

–          Retour des allogènes dans leurs pays d’origine ;

–          Organisation sanitaire et protection des jeunes, de la mère et de l’enfant ;

–          Protection et garantie du Travail.

Sur le plan économique :

–          Retour à la Nation des moyens de production dont elle est arbitrairement frustrée ;

–          Planification de la production et gestion de l’économie par les syndicats professionnels ;

–          Politique de l’habitat et des salaires conçus non comme des moyens d’entretenir seulement la force de travail mais comme des moyens de développer une race saine et forte.

Sur le plan culturel :

–          Admission de tous aux possibilités de la culture sans distinction d’origine sociale. Etude popularisée des connaissances biologiques et ethnologiques, base d’une conception scientifique de l’histoire du monde et du socialisme.

Sur le plan politique :

–          Organisation d’un parti fort, avant-garde et état-major de la race ;

–          Pour un régime fort mandataire de la race ;

–          Création d’une société socialiste et raciste.

Le national-socialiste Binet a beaucoup emprunté au régime hitlérien et malgré la défaite de ce dernier, il continue à vanter les mérites du racisme scientifique. Il ne fait aucunement référence aux camps de concentration, certainement un détail de l’histoire à la Jean-Marie Le Pen.

Binet fait la part belle aux syndicats mais il oublie de donner le cadre imparti. Il souhaite promouvoir un encadrement corporatiste de l’Etat et des organisations ouvrières sans parler de la possibilité de faire grève ou pas. Mais dans un régime autoritaire, on se doute bien du sort réservé aux grévistes une fois les fascistes au pouvoir.

Ce qu’il faudrait retenir, c’est qu’en dédiabolisant l’extrême-droite, on finit par la favoriser et la rendre présentable aux gogos d’électeurs qui choisissent « en leur âme et conscience ». Le nationalisme, c’est le ciment idéologique du fascisme. Et certains régionalistes feraient bien de ne pas l’oublier…

Comme le racisme est puni par la loi aujourd’hui, il est évident que l’extrême droite s’appuie dorénavant sur le grand remplacement, en utilisant une actualité migratoire dramatique, et sur la lutte contre l’insécurité due bien entendue aux étrangers. Les habits neufs du vieux fascisme…

Le mégalithe (GLJD) (à suivre)