Donner du fil à retordre au réformisme

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En économie, il faut rappeler que l’étalon utilisé, le PIB, est un indicateur biaisé qui laisse en dehors de lui de nombreux facteurs essentiels au maintien de la vie, outre la non prise en compte de l’ensemble de l’économie « illégale », au noir, qui soustrait des millions d’euros par an au fisc. C’est un indicateur qui a longtemps été critiqué par certains économistes. Le PIB est une idée abstraite qui, après un demi-siècle de discussions et de tentatives de normalisation, est devenue extrêmement compliquée, à laquelle il faut ajouter que des révisions statistiques peuvent en faire varier le résultat. Dès lors, l’interprétation de la situation économique à partir de cet indicateur, pour dire que la situation « s’est améliorée » ou que « la crise a été surmontée », est un argument peu convaincant si d’autres éléments importants ne sont pas pris en compte.

Quand on parle d’emploi, les nouvelles sont que de « l’emploi a été créé », mais on parle rarement de sa durée, du type de journée de travail, du salaire réel que les travailleurs reçoivent. Et cela est important pour la grande majorité de la population. Où les femmes continuent d’être celles qui travaillent avec des contrats à temps partiels souvent contraints, sans qu’il y ait eu de changement dans ce domaine au cours des 10 dernières années. Les gouvernants ne mentionnent pas non plus que la majorité des nouveaux contrats à durée indéterminée qui sont signés sont aussi à temps partiel. De plus, dans la grande majorité des cas, la classe ouvrière (fonctionnaires compris) a perdu du pouvoir d’achat depuis au moins 2008, et elle continue à être rémunérée en dessous de la hausse du coût de la vie. Ils oublient aussi de mentionner qu’avec les réformes du travail successives, le licenciement est devenu moins coûteux pour les entreprises.

Du chômage, on dit seulement qu’il « descend », qu’il y a « une traction vers l’emploi ». Cependant, entre le sous-emploi qui ne suffit pas à joindre les deux bouts, le chômage qui n’est pas compté (de nombreux chômeurs ne se déclarent même plus) et la dure réalité que la plupart des chômeurs reçoivent moins d’allocations qu’auparavant ; il faut mentionner que la hausse ou la baisse du nombre de personnes inscrites dans les « services publics » de l’emploi n’explique pas grand-chose. On pourrait parler d’instabilité d’emploi. La pauvreté augmente régulièrement en France pour atteindre le chiffre de dix millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Et la grande majorité sont des chômeurs ou des personnes sous-employées.

A tout cela il faut ajouter l’inflation qui a dépassé les 7% voire les deux chiffres pour l’alimentaire et l’énergie. Ces hausses touchent le plus ceux qui ont le moins.

Dès lors, les propositions économiques des gouvernements et des entités supranationales reviennent à l’orthodoxie, après qu’il ait semblé qu’avec les mesures d’allégement de la dette publique 2020-2021, celle-ci avait été abandonnée. Les banques centrales augmentent les taux d’intérêt pour contrôler l’inflation, une politique clairement erronée qui s’avère être un coup d’épée dans l’eau pour la reprise économique. De plus, si les Banques Centrales cessent de financer le Trésor Public des États, le risque évident d’effondrement économique et de chômage est à nos portes. Au Royaume-Uni, l’idée a déjà été tentée, mais compte tenu des turbulences économiques de ces dernières semaines, la Banque d’Angleterre se consacre au rachat de la dette publique britannique. Et la première ministre a démissionné.

Force est de constater que les gouvernements font une lecture de classe de la situation économique. Ils omettent, ignorent ou marginalisent ce qui serait une lecture globale, faisant une lecture biaisée de la situation. Parce qu’il est évident qu’ils ne se soucient pas de la situation des classes populaires, ni que la situation actuelle de la croissance économique est monopolisée par une petite élite. Que la situation ne s’améliore pas pour ceux qui créent la richesse, seulement pour ceux qui la thésaurisent. Cela peut expliquer la lecture qu’ils font de l’évolution économique, de la situation de l’emploi ou du chômage, ou des mesures de soutien face à l’inflation et à la hausse des prix de l’énergie. C’est ainsi qu’on peut dire, sans risque de se tromper, que l’extension de mesures comme les remises à la pompe, les chèques énergies…ne changent fondamentalement rien pour les plus démunis. Les politiciens de gouvernement se glorifient des miettes qu’ils accordent aux plus précaires ; ils n’ont aucune honte. Ce sont des gouvernements de classe (bourgeois) et ils agissent comme tels. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut expliquer le triomphalisme économique qu’ils véhiculent.

Pour lutter contre l’ennemi, il faut le connaître et ne pas se contenter de répéter ce que des partis avec leurs discours officiels nous ont dit et répété comme si on répétait un mantra ou les tables de multiplication à l’école. Ils nous veulent dans une cage dans laquelle ils ne nous laissent pas penser pour et par nous-mêmes. Nous savons que les discours et les stratégies de ces politiciens corroborent leur réformisme.

En tant qu’individus ou groupes qui veulent la liberté, nous devons forger nos propres discours et stratégies pour continuer à donner du fil à retordre au réformisme.

Bien sûr, la liberté (de quelque nature que ce soit) ne nous sera pas donnée par ceux qui nous maintiennent dans l’oppression. Les lois votées sans rapports de force les précédant ne sont  qu’illusoires pour briser nos chaînes et celles des autres. Nous devons le faire nous-mêmes, si nous voulons vraiment vivre sans patrons et sans esclaves.

 

Mika (GLJD)