La diminution du temps de travail : une revendication actuelle

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La diminution du temps de travail : une revendication actuelle

Cette revendication historique des travailleurs semble évidente si nous prenons simplement en compte les données officielles suivantes: chaque fois que nous faisons plus d’heures supplémentaires rémunérées jusqu’à atteindre ces dernières années des dizaines de millions d’heures supplémentaires travaillées parmi tous les travailleurs en France, nous ne partageons pas le temps de travail. Ce qui a des incidences sur l’emploi et un manque de cotisations pour les retraites par exemple. Mais nous trouvons le même phénomène dans la plupart des pays d’Europe. C’est-à-dire que les semaines de 35 heures ne sont même pas respectées, avec les dommages conséquents causés par cette situation à la qualité de vie, notamment la vie de famille. Les dérogations vont bon train. Mais travailler plus de 35 heures hebdomadaires, c’est perdre de l’espérance de vie. Selon un rapport publié sur le site Web anticorps.com, travailler plus de 40 heures par semaine peut signifier perdre environ 2,25 ans d’espérance de vie.

Selon d’autres études, le temps réellement productif des travailleurs est inférieur à 30 heures en moyenne par semaine. Par conséquent, travailler moins d’heures améliore  la productivité, la motivation du personnel et réduit l’absentéisme. Bien sûr, il faut que les emplois soient pérennes et que le travail soit fait en toute sécurité.

Nous venons de commémorer les 20 ans de la réforme des 35 heures en France mais il convient de rappeler que cette mesure prise par le gouvernement  PS de Jospin  n’impliquait nullement l’interdiction ou l’élimination des heures supplémentaires. Les embauches correspondant à la diminution du temps de travail n’ont pas été réalisées, la fonction publique hospitalière ayant été la plus touchée par une désorganisation totale des services d’où une dégradation des conditions de travail.

En d’autres termes, la réduction de la journée de travail est une mesure réalisable et n’a pas un impact négatif sur l’économie sauf dans les cas où les mesures n’ont pas été prises en termes d’embauches.  C’est que cette affirmation se heurte frontalement à l’idéologie capitaliste dans laquelle les avantages et les profits prévalent sur les gens.

SITUATION INTERNATIONALE

Des pays comme la Suède, l’Allemagne ou la Nouvelle-Zélande ont lancé des expériences pilotes qui soutiennent les thèses défendues par les partisans de la réduction du temps de travail. La Suède dans le secteur des services sociaux, avec une journée de 6 heures. L’Allemagne dans la métallurgie avec 28 heures par semaine, et la Nouvelle-Zélande avec la semaine de 4 jours ouvrables. Toutes ces expériences coïncident en mettant en évidence un énorme avantage pour juguler les problèmes familiaux et pour diminuer fortement le stress.

De l’autre côté de l’océan, le Chili est actuellement plongé dans un large débat sur la mise en œuvre de la semaine de 40 heures, actuellement aux premières places de la liste des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui effectuent le plus d’heures de travail par semaine.

Par conséquent, nous pouvons affirmer que les thèses anarcho-syndicalistes sur la proposition de la réduction des heures de travail sont viables et nécessaires pour le bien-être des travailleurs. Il se pourrait même qu’elles soient appuyées à terme par le monde des affaires, qui prend progressivement conscience qu’une telle mesure apporterait plus d’avantages que de pertes, notamment dans un contexte dans lequel la productivité est de plus en plus marquée par les processus technologiques et non par le travail humain.

Cela étant dit, il vaudrait mieux que la diminution du temps de travail soit une conquête ouvrière obtenue par la lutte. Nous savons par expérience que le patronat et l’Etat ne donnent jamais rien sans contreparties. La preuve avec les 35 heures, les patrons y ont gagné la flexibilité dans maints emplois, souvent au détriment de la qualité de vie des travailleurs.

Ti WI (GLJD)