Leur dialogue social, c’est la Charte du travail

Bourse du Travail L.H

Leur dialogue social c’est la Charte du travail

Macron et son gouvernement Philippe 1er souhaitent s’aligner sur les pays européens qui ont engagé des réformes du marché du travail. Le problème, c’est qu’ils ne tirent pas les leçons de ce qui s’est mis en place ou plutôt ils désirent aller encore plus loin pour le plus grand profit du patronat. S’ils vont jusqu’au bout de leur logique, notre société s’engage dans la voie de la précarité accrue avec un chômage qui continuera à varier selon les conjonctures économiques. Les Macronistes ignorent sans doute que la B.C.E. (Banque centrale européenne) indique que si le taux de chômage de la zone euro est en moyenne de 9,5%, le taux effectif du chômage est de 15% si l’on tient compte du sous-emploi et des formes cachées de chômage. Alors tous les artifices suggérés : flexibilité, changements des normes de contrats de travail, plafonnement des indemnités prud’homales, simplification des procédures de licenciement, dérogations aux accords de branches, primauté de l’accord d’entreprise…nous mènent droit vers la soumission des travailleurs au patronat. Ce dernier n’indique jamais la sécurisation des revenus par exemple. Dans le modèle des pays nordiques où règne la flexisécurité, en France on ne retient que la flexibilité à tous crins. En ne garantissant pas une activité salariée tout au long de l’année, en accroissant les temps partiels subis…le patronat et son bras armé, l’Etat, fait baisser artificiellement le taux de chômage mais en réalité il accroît l’insécurité au travail ce qui aura des incidences à terme. Comment des jeunes travailleurs pourront-ils acheter un logement ou plus simplement le louer s’il ne peut faire valoir qu’un CDD, un temps partiel ou un CDI de chantier ? Monsieur Macron compte-t-il voir les jeunes français être hébergés chez leurs parents jusqu’à 30 ans voire plus comme en Espagne ou en Grèce ? La dualisation des emplois envisagée par le gouvernement Philippe ne fera qu’augmenter les inégalités.

Le libéralisme économique prôné par notre caste de technocrates oublie qu’il existe une inégalité fondamentale entre le salarié qui vend sa force de travail à un patron et ce dernier qui fixe en réalité les règles de l’embauche voire du licenciement. C’est pour cela que les travailleurs ont tout intérêt à exiger le refus de tout licenciement et à se trouver en position de force pour être à égalité avec les actionnaires et les dirigeants de l’entreprise pour toute prise de décision qui les concerne au premier chef.

Le tour de passe-passe auquel on assiste est celui du dialogue social. Le patronat et l’Etat nous rejouent le chèque syndical qui permettrait à chaque salarié de subventionner le syndicat de son choix. Les libertaires rappellent que seules les cotisations syndicales des salariés permettent une indépendance vis-à-vis de l’Etat et du patronat. Avec un taux de syndicalisation de 7% en France et de 3,5% dans le secteur privé, on ne peut que constater la faiblesse de l’adhésion à un syndicat. Pourtant l’offre syndicale de par sa division est vaste y compris chez les anarcho-syndicalistes qui militent à la CGT, FO, SUD ou les 3 CNT…L’Etat pense que le renforcement de la syndicalisation est l’un des leviers les plus importants du renforcement du dialogue social. Quand nos ennemis de classe en arrivent à cette conclusion, c’est que la pertinence du syndicalisme se pose. La vision patronale, c’est de faire croire aux salariés qu’on est tous dans la même galère et que les travailleurs doivent être au fait des enjeux économiques de l’entreprise notamment sur le plan de la compétitivité. La vision chartiste du patronat new-look aimerait voir surgir un pôle entreprises-syndicats, pilier d’une société qui a perdu ses repères. Evidemment, la lutte de classe serait bannie car inutile dans ce nouveau cadre.

Nous autres libertaires sommes d’accord avec le patronat pour que les travailleurs prennent en considération les enjeux économiques de l’entreprise mais à d’autres fins. Nous devons connaître les tenants et les aboutissants économiques de l’entreprise. De quelles quantités de matières premières a-t-on besoin, quelles sont les sources d’approvisionnement, les prix d’achat de ce qu’il faut pour produire…puis connaître les débouchés possibles…en passant par une gestion directe de l’entreprise car les travailleurs produisent et n’ont nullement besoin de patrons. Les monographies d’entreprises seraient bien utiles et les liens économiques transnationaux aussi.

Des syndicats plus forts, oui, mais pour aller vers l’autogestion ouvrière pas pour renouer avec les comités sociaux du maréchal Pétain.

GLJD