Pour un désarmement généralisé des armes conventionnelles et des armes nucléaires.

Baiser volé

Ce 20 janvier, le président Macron présentait ses vœux aux forces armées. Et il annonçait un chèque mirobolant pour les militaires. La «loi de programmation militaire» va donner 413 milliards d’euros supplémentaires à l’armée ces 7 prochaines années, soit 57 milliards par an ! Des chiffres à donner le tournis.

Le président a donc proposé une augmentation de 100 milliards d’euros pour la loi de programmation militaire 2024-2030 par rapport à la période 2019-2025.

A l’issue de discussions avec l’Etat-major des armées qui réclamait 460 milliards, il a arbitré pour un budget de 400 milliards d’euros sur ces sept années en budget, et sur 413 milliards de dépenses militaires.

Par conséquent, le budget moyen des armées va donc s’élever à 57 milliards d’euros par an, soit l’équivalent d’un tiers en plus. En comparaison, le budget s’élève cette année à 43,9 milliards contre 32,7 milliards en 2017. C’est du toujours plus pour l’armée. Et gageons que la grande muette continuera à se plaindre d’un budget sous-dimensionné à ses yeux.

La guerre en Ukraine était l’occasion rêvée d’obtenir un immense budget supplémentaire. L’opportunité fait le larron.

L’armée devient ainsi un État dans l’État ; son budget a doublé ces dernières années alors que l’urgence serait plutôt d’aller vers le désarmement et la paix. Avec cette somme colossale, Macron annonce vouloir développer «une économie de guerre». Ça fait froid dans le dos.

Les militaires et Macron désirent engager : la modernisation de la dissuasion nucléaire, la conversion de l’armée de l’air au tout Rafale, la rénovation des blindés de l’armée de terre (programme Scorpion), le porte-avions de nouvelle génération pour remplacer le Charles-de-Gaulle. Ces programmes ont tous été confirmés. L’industrie de l’armement se frotte les mains.

Le Président de la République veut avoir une guerre d’avance. Il a aussi annoncé un doublement des budgets des services de renseignements militaires ainsi que qu’une unité tournée vers la lutte l’ingérence économique et l’ingérence cyber. Le gouvernement vise une hausse du budget du renseignement de 60 %. La série « Le Bureau des légendes », favorise ainsi le recrutement pour le renseignement français avec un diplôme Malotru à la clef.

« La France tiendra bien son rang vis-à-vis de ses partenaires européens ». On ne sait pas trop ce que recouvre ce vocable. Mais tenir son rang ça doit vouloir dire qu’on va mettre un pognon de dingue pour l’armée.

Mais sérieusement, le gouvernement français n’arrive pas à trouver 12 milliards d’euros par an pour combler le prétendu déficit du système des retraites mais débloque sans problème des centaines de milliards pour les forces répressives et militaires. Et il l’annonce au lendemain d’une grève historique où deux millions de personnes ont battu le pavé le jeudi 19 janvier 2023. A défaut de l’art de la guerre, c’est l’art de provoquer qui prévaut. D’autant que le président du C.O.R. vient de sortir de sa réserve et conteste l’argumentaire du gouvernement sur les retraites…Les semaines qui viennent vont être sportives, de la marche en perspective.

En décembre 2022, Macron faisait passer la loi dite LOPMI (loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur). Elle prévoit de distribuer 15 milliards d’euros aux forces de l’ordre ces cinq prochaines années, en plus du budget déjà conséquent du ministère de l’Intérieur. Cette loi prévoit la création de 8.500 postes supplémentaires de policiers et gendarmes, 200 nouvelles brigades de gendarmerie, 11 nouvelles unités de forces mobiles «spécialisées dans l’intervention rapide», et le doublement du nombre de policier sur l’espace public. Les manifestants n’auront qu’à bien se tenir. Il y aura bientôt plus de flics que de profs ou de soignant-es en France. Pourtant on verrait mal des policiers enseigner dans les classes ni soigner dans les hôpitaux. Certains d’entre eux préfèrent même mettre des élèves à genou ou envoyer quelques manifestants se faire recoudre à l’hôpital. Violence morale, violence physique.

On a du mal à saisir l’argumentaire des militaires et des politiciens qui les soutiennent. Théoriquement la France est dotée de la dissuasion nucléaire pour faire peur à d’éventuels belligérants. Donc si la dissuasion porte son nom, nous n’avons plus besoin d’armée conventionnelle.

Mais d’après le gouvernement, la guerre en Ukraine a mis en lumière des faiblesses dans le dispositif militaire français. Donc, Emmanuel Macron annonce l’ère d’une « économie de guerre » pour se préparer à des guerres « plus brutales, plus ambiguës ». Il faut de l’argent pour l’armée: « C’est un effort considérable, sans précédent depuis cinq décennies », indique le chef d’État.

Mais s’il faut revenir aux bonnes vieilles guerres d’antan, genre guerre de tranchées comme en Ukraine aujourd’hui, à quoi sert la dissuasion nucléaire ?

Macron argumente et stipule que la nouvelle loi de programmation militaire mettra l’accent sur la souveraineté, à travers le renforcement de sa dissuasion nucléaire : « C’est ce qui fait de la France un pays différent en Europe. Il nous faut la défendre avec force, cela signifie mieux la faire comprendre à ceux qu’elle interroge », a déclaré le chef d’État. Cette dissuasion coûte quand même 5,6 milliards d’euros de crédits de paiement pour cette année 2023.

Eh bien oui, les libertaires s’interrogent sur l’utilité de cette dissuasion et apparemment ils ne sont pas les seuls.

Le monde serait de plus en plus dangereux mais ne faudrait-il pas analyser les causes des tensions internationales ? Ne faudrait-il pas guerroyer pour la paix ? Pour le désarmement unilatéral, ce qui enverrait un message clair aux autres pays. Et tous ces milliards gaspillés pour l’armée, ne seraient-ils pas mieux utilisés pour l’éducation, la santé, la lutte contre le réchauffement climatique… ?

Au contraire, le gouvernement s’ingénie à renforcer l’esprit guerrier en essayant d’embrigader la jeunesse au travers du S.N.U…Il est temps d’inverser la tendance et dénoncer les velléités guerrières du gouvernement car tôt ou tard, les armes parleront.

D’ailleurs, le risque d’escalade nucléaire avec la guerre en Ukraine n’est pas exclu. La Russie qui considère la Crimée comme partie intégrante de son territoire pourrait, en cas d’invasion de celle-ci par l’Ukraine, considérer les pays de l’Otan  comme cobelligérants et utiliser l’arme nucléaire contre certains d’entre eux. Quatre puissances nucléaires dont la France seraient alors impliquées dans cette escalade mortifère. Zélinski a beau rassuré ses alliés en disant qu’il n’y aura pas de troisième guerre mondiale et qu’il ne faut pas avoir peur de Poutine, nous ne sommes pas aussi optimistes. Nous comprenons la logique de l’Otan qui entend affaiblir le plus possible la Russie et celle du président ukrainien qui aimerait recouvrer les territoires annexés par Poutine mais nous savons qu’un animal blessé est encore très dangereux. Dos au mur, en cas de défaite majeure en Crimée, la Russie pourrait utiliser ses ogives nucléaires et personne ne serait plus en mesure de contrôler quoi que ce soit. C’est pourquoi avant que l’irrémédiable ne se produise, il faut tout tenter pour un désarmement généralisé des armes conventionnelles et des armes nucléaires.

Mika (GLJD)