Contre l’extraction du lithium dans la zone classée de la Baie d’Audierne

Je marche seule

Pour une écologie sociale et libertaire

De nombreux écologistes se félicitent de la fin de la vente des véhicules thermiques en 2035. Nous pourrions de concert applaudir au vote du parlement européen du 8 juin 2022 s’il n’y avait pas tant d’ombres au tableau. En effet, pour mettre en œuvre cette loi, l’Europe aura besoin de cuivre, nickel, cobalt…et surtout du lithium pour la fabrication des batteries de véhicules. Le problème, c’est qu’en France par exemple, nous allons passer d’une dépendance au pétrole et au gaz à une dépendance à plusieurs métaux indispensable à la construction de voitures électriques. Il existe bien des gisements de lithium en Alsace, Bretagne et Auvergne mais à quel prix environnemental est-on prêt à les exploiter. Actuellement, l’Australie truste la moitié du lithium mondial, le Congo 70% du cobalt et la Chine 60% des terres rares et du graphite, indispensable à la production de batteries…Quand on voit l’instabilité politique qui règne en Afrique, l’agressivité commerciale et militaire de la Chine, il est raisonnable d’avoir des doutes sur une éventuelle prise d’otage des pays européens sur le plan de la construction automobile. Les Chinois sont à la pointe de la technologie sur les productions de batteries et d’aimants dans le monde. Pour le nickel, la Nouvelle Calédonie pourrait en fournir une bonne partie (Groupe Eramet…). Pour les autres composants nécessaires aux batteries (lithium, cobalt, manganèse et graphite), il faudra  s’approvisionner chez des tiers. L’éolien, d’ailleurs a besoin de terres rares. Le solaire a besoin pour ses panneaux photovoltaïques de cuivre, d’aluminium… Il va falloir multiplier de 7 à 35 fois la production de certains métaux par rapport à aujourd’hui. L’importation de ces métaux va occasionner une rude concurrence pour obtenir des sources d’approvisionnement fiables et durables. Nos économies étant de surcroît à la merci de dictateurs (Poutine…), de pénuries, d’un conflit armé, du Covid ou autre virus, du réchauffement climatique…

Il va falloir de même mettre le prix pour l’extraction des métaux avec pour corollaire une déforestation accrue ainsi qu’une consommation d’eau supplémentaire. Ce sont des infrastructures à prévoir pour transporter les minerais de nouvelles mines…Sans compter que l’extraction pollue les sols et eaux superficielles à proximité des mines. De nombreux conflits ont émaillé la pollution de l’activité minière : Salvador, Portugal, Serbie…La destruction ou reconversion des déchets posent aussi problème.

Les Bretons se sont prononcés récemment contre l’extraction du lithium dans une zone classée dans la Baie d’Audierne. Les populations locales monteront certainement au créneau, même dans les pays pauvres.

Le point positif, c’est que les métaux sont recyclables contrairement aux déchets nucléaires que l’on cherche à enfouir pour des centaines voire des milliers d’années. Beau cadeau en perspectives pour les générations futures. Encore faut-il que le recyclage devienne une volonté politique et qu’il ne soit pas plus onéreux que d’aller chercher les métaux dans les mines auquel cas le recyclage passera à la trappe. Certains Etats se contenteront d’exporter à l’étranger le métal à recycler. A combien de décharges à ciel ouvert avons-nous participé en Afrique pour tous types de production (ordinateurs, écrans, déchets toxiques…).

L’écologie libertaire ne peut s’extraire d’une certaine éthique consistant à lier consommation et impacts directs de celle-ci sur l’environnement. Pour autant, notre éthique écologique ne peut être viable que dans un système économique anticapitaliste. A défaut nous nous dirigerons vers des extractions minières d’envergure, des usines géantes de batteries électriques, des projets d’artificialisation des sols…Et l’écologie ne sera pas gagnante car les profiteurs et les spéculateurs sont toujours à l’affût du moindre gain ; les contaminations diverses et autres dommages collatéraux seront prises en charge par la collectivité tandis que les profits alimenteront encore les poches des actionnaires.

C’est pour cela que les travailleurs auront tout intérêt à être vigilants pour tout ce qui concerne la transition énergétique, nécessaire, mais pas à n’importe quel prix.

Patoche (GLJD)