Combattre l'extrême droite

Fascisme pas mort

Quand on chasse sur les terres du diable…

On se brûle ! La gauche et la droite récoltent ce qu’elles ont semé.

Après avoir repris l’ensemble des thématiques de l’extrême droite sur l’immigration ou l’insécurité voire de la déchéance de nationalité, il n’est pas étonnant que les électeurs préfèrent l’original à la copie. La lepénisation des esprits fait son chemin depuis les années 80, le phénomène n’est donc plus nouveau. La famille Le Pen est bien installée  dans le paysage politique et nous  allons devoir malheureusement la supporter lors des  trente années à venir. L’extrême droite c’est comme la sociale démocratie, ça ne meurt pas d’un coup.

Les libertaires n’acceptent pas le faux choix qui nous sera proposé lors des prochaines joutes électorales. Non, la République n’est pas en danger. Ce qui est en danger, ce sont les idées d’égalité, de fraternité, de solidarité et de justice sociale qui ont été depuis des années foulées aux pieds par les forces politiques de la gauche (y compris plurielle) comme de la droite. Et l’on entend cette gauche pleurnicher contre la montée du Front National ! Quelle honte, quelle amnésie, quelle incapacité à comprendre ce qui se passe.

Leur ignorance des réalités sociales et des préoccupations du monde du travail, des retraités, des chômeurs et des jeunes, voilà où se trouve l’échec des socialistes si on peut les nommer encore ainsi. Ayant abandonné toute référence au socialisme et collant au discours sécuritaire de l’extrême droite et de la droite, ils ont oublié sur le chemin, la mondialisation sauvage, toutes les victimes de la précarisation, de la misère, les gens qui voient leurs vies bouleversées par la recherche forcenée du profit tandis que certains politiciens, ceux qui réclament toujours davantage de sacrifices aux travailleurs, s’en mettent plein les poches. Les travailleurs ont subi tous ces changements et les inégalités sociales se sont amplifiées. Les gigantesques profits générés par le capitalisme n’ont pas été redistribués sauf aux plus riches qui deviennent ainsi de plus en plus riches. La véritable insécurité, c’est l’insécurité sociale : licenciements massifs même dans des entreprises bénéficiaires, merci la loi El Khomri, et leurs cortèges de misère, de désespérance sociale jusqu’au suicide des plus fragiles.

En 2002, Chirac nous a déjà fait le coup de la République en danger pour contrer Jean-Marie Le Pen alors qu’il annonçait la couleur : renforcement des mesures répressives et sécuritaires, libéralisation accrue…ce qui a abouti à fragiliser les conditions de vie des gens les plus pauvres. Et tout cela avec la caution des électeurs. Les projets de Fillon, Macron et des socialistes de gouvernement ne valent guère mieux. Et on nous demande de récidiver !

Combattre l’extrême droite, c’est construire ce mouvement social, alternatif, qui s’exprime dans de nombreux combats : contre la mondialisation, les directives européennes d’austérité, contre la précarité, contre la criminalisation du mouvement social, contre la loi travail, …et pour la défense des services publics, pour la gratuité des services sociaux, pour l’utilisation sociale du travail, pour d’autres conditions d’habitat, pour l’aide aux migrants, pour le respect de l’environnement … La grève est toujours l’arme des travailleurs mais le poids des consommateurs doit revenir sur le devant de la scène avec nos traditionnels moyens de pression : label, boycottage, action directe…

Au-delà du vote, seul espace que l’on veut bien nous concéder de participation politique, et qui correspond à l’état de l’opinion publique à un moment donné, la réponse à la montée de l’extrême droite passe par une réappropriation sociale dans les lieux où la démocratie est absente : les entreprises, les quartiers… C’est pied à pied dans les luttes sociales, dans tous les lieux et espaces que nous devons nous opposer à la réaction et proposer d’autres choix que celui de la xénophobie, du racisme qui divise les travailleurs. Le vote n’est qu’une délégation de pouvoir et le système dit démocratique permet aux puissants de garder leurs privilèges et de se maintenir aux postes de commande. Le préjugé, touchant la restauration des nationalités, œuvre politique vaine, qui distrait dangereusement les hommes et les femmes de travailler à la révolution sociale d’où sortira l’unification du genre humain, revient de manière récurrente à la mode. Il est véhiculé par toutes les forces réactionnaires, l’extrême droite en tête. Aux libertaires de le combattre en gardant notre méthode.

Construisons dès aujourd’hui un mouvement pour l’autogestion généralisée. Remettons la  question sociale et l’égalité économique au centre des luttes, seule la mobilisation et la solidarité nous permettront de vaincre l’extrême droite.

Reprenons à notre compte cette devise que les ouvriers parisiens, délégués au Congrès de Londres, firent adopter en 1865 : « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »

Groupe libertaire Jules Durand