C'est qui les casseurs, au Havre et ailleurs

Butteauxcailles

C’est qui les casseurs ?

Depuis qu’un dirigeant d’Air France a eu sa chemise arrachée, que plusieurs locaux du PS ont été saccagés, que des panneaux publicitaires ont été aussi cassés, on ne parle que de la violence des manifestants affublés du titre de casseurs.

Le patronat, les politiciens et la police s’en tirent ainsi à bon compte.

On ne dit jamais que la plupart des panneaux publicitaires pris pour cible véhiculent des images dégradantes pour les femmes par exemple. Les patrons et les politiciens crient au scandale quand un de leur pair se fait prendre à partie mais ont l’indignation sélective quand des travailleurs sont licenciés et qu’un nombre significatif d’entre eux se suicident laissant des enfants orphelins et dans la mouise. Le saccage de la nature, les profits éhontés des footballeurs, des patrons du CAC 40, les comptes offshore au Panama et ailleurs font partie de cette violence sociale durable que nous inflige le système capitaliste.

Qui frappe des lycéens de 15-16 ans, qui les fait passer en comparution immédiate ; qui discrimine les jeunes des quartiers dits défavorisés mais organisés en véritables ghettos. Cahuzac a-t-il été emprisonné ? Non mais de jeunes manifestants, oui.

Quand une députée du PS se fait épingler en état d’ébriété au volant de sa voiture, au Havre, elle repart, à pied mais sans être conduite à l’hôtel de police comme il est d’usage…L’ouvrier lambda n’a pas le même traitement de faveur s’il se fait prendre dans le même état. Le deux poids deux mesures constitue aussi à son niveau une forme de violence.

Quand l’Etat donne des dizaines de milliards au patronat, avec l’argent de nos impôts qui nous étranglent, sous forme d’exonérations et d’évasions fiscales, on ne parle pas de violence mais d’une volonté de créer des emplois, ce qui est faux. Le mensonge social n’est-il pas une autre forme de la violence ?

Quand des journalistes aux ordres nous parlent d’un système français généreux pour les chômeurs et les prestations sociales, n’ont-ils pas honte de mentir ainsi ? Voilà qui courrouce les gens !

La violence s’exerce aussi sur les migrants qui fuient la guerre dont notre beau pays des droits de l’homme est pourtant un grand pourvoyeur d’armes. Et l’on n’est pas très regardant vis-à-vis des acheteurs qui parfois deviennent plus tard bien encombrants.

Passons sur la crise des subprimes qui a mis sur la paille tant de personnes en 2007… et qui a renfloué les banques ?

La violence est du côté du patronat et de la police. Ceux qui veulent augmenter leurs profits sans s’occuper des dommages collatéraux et ceux qui sont chargés de protéger les intérêts de la classe des possédants. Combien de jeunes matraqués, gazés, blessés aux flashball, avec des grenades et des lacrymos ?

La police montre son vrai visage, celui de la répression.

Alors nous ne condamnons pas les débordements car ils sont une riposte aux violences exercées contre les salariés, les chômeurs et les jeunes. La violence vient du camp d’en face, celui du capital. L’exemple de l’utilisation du 49.3 qui fait passer une loi injuste et contestée est un autre exemple de cette violence étatique qui nous conduit à nous défendre et à réagir avec le peu de moyens dont nous disposons face aux puissants de ce monde. Notre force, c’est notre nombre. Que la mobilisation continue contre la loi El Khomri mais aussi contre toutes les injustices et les inégalités.