Ce monde qui marche sur la tête

Edo

Ce monde qui marche sur la tête.

D’un côté, le patronat qui nous la joue « flexisécurité », de l’autre des syndicats qui peinent à mobiliser les travailleurs. Tous les experts sérieux indiquent le déséquilibre entre la flexibilité et la sécurisation des parcours des travailleurs. Depuis quand la possibilité de licencier plus facilement favorise-t-elle les embauches ? Sincèrement, le gouvernement nous prend pour des billes. On nous menait déjà en bateau avec les PSE, ces plans de sauvegarde de l’emploi qui validaient de fait des licenciements en nombre pour ne garder que le strict minimum de salariés pour faire tourner la boutique. Maintenant avec les ruptures conventionnelles collectives, les patrons vont se dédouaner à bon compte de leurs anciennes obligations notamment en ce qui concerne les mesures de reconversion et de formation. Le fait aussi pour les TPE qui n’ont pas  d’interlocuteurs syndicaux de bipasser ces derniers en s’adressant directement aux salariés, va renforcer le lien de subordination de l’ouvrier à l’employeur. On voit déjà comment cela se passe dans le secteur du bâtiment, où on se retrouve parfois pas loin du système féodal. Il n’y a jamais eu d’égalité entre patrons et salariés et bientôt cette inégalité va encore se renforcer. Ajouter à cet état de fait une flexibilité accrue, on constate que les travailleurs vont subir une dégradation de leurs conditions de travail. Le patronat de droit divin revient. Bakounine, au secours, reviens, ils sont devenus fous !

Quand on compare les milliards donnés au patronat pour embaucher aux résultats demandés, on a le droit de se considérer floués. Les anarchistes le savaient et l’avaient bien dit. Si les patrons pouvaient nous faire ramper, ils le feraient. En donnant des dizaines de milliards d’aides publiques aux employeurs, en signant les ordonnances Macron-Philippe, en flexibilisant à outrance, les travailleurs enregistrent d’importantes défaites sociales qui toucheront à leur vie de tous les jours. Macron, c’est la régression !

Concernant la fête des patrons, ce n’est pas tout. La Cour d’appel de Paris vient d’annuler, vendredi 15 septembre 2017, les mises en examen pour homicides et blessures involontaires de neuf décideurs, industriels, scientifiques, hauts fonctionnaires dans le cadre des décès dus à l’amiante. En agissant de la sorte, la cour d’appel vient de porter un coup dur aux familles et amis des victimes. Que de cancers suivis de morts dans la souffrance sans qu’aucune justice ne soit rendue! Cette décision risque d’être considérée comme une amnistie pour tous ceux qui ont exposé sciemment des travailleurs à « l’or blanc », sans compter ceux qui seraient tentés de continuer à utiliser des produits nocifs pour leurs salariés ou pour les simples consommateurs que nous sommes. Un jugement honteux pour tous ceux qui ont souffert et qui sont morts pour que quelques patrons et actionnaires sans scrupules se fassent un maximum de profits sur le dos et la santé des travailleurs.

 

Que proposent les libertaires pour lutter contre le patronat et son bras armé, l’Etat. Tout d’abord, il faut veiller à ne pas faire le jeu de ceux qui séparent les luttes : actifs/chômeurs/retraités ; secteur public/secteur privé ; jeunes/plus anciens…

Montrons l’exemple en appelant à la grève générale reconductible, et en pratiquant l’action directe telle que définie par les précurseurs du syndicalisme. Proposons, non plus des réformettes qui ne font que conforter le système, mais la construction d’une société autogestionnaire et libertaire.

Par exemple, au niveau de l’école, cette dernière doit être réellement accueillante, non discriminante, respectueuse des rythmes d’apprentissage de chacun et exempte de toutes dominations hiérarchiques, intellectuelles et disciplinaires. Les élèves doivent pouvoir apprendre sans être, sans arrêt, testés, comparés, jugés, sélectionnés…). L’actualité des évaluations au Cours préparatoire et en sixième vient nous rappeler cette triste réalité.

Bref, nous devons œuvrer pour une convergence des luttes de tous les secteurs de la fonction publique et ne pas oublier la nécessaire solidarité avec tous les travailleurs/euses dans leur lutte pour la défense des droits, acquis et conquis, et refuser les méthodes Macron, celles qui nous assimilent à des fainéants par exemple.