Le 8 mars n'est pas un jour férié

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Le 8 mars n’est pas un jour férié

Nous célébrons un 8 mars 2023 marqué en France par un début d’année de « réforme des retraites »  particulièrement discriminante envers les femmes, qui rendra leurs futures conditions de vie encore plus précaires. Pourtant les femmes des classes populaires ont été en première et deuxième lignes face aux moments les plus durs de la pandémie lors du confinement, principalement face aux soins des personnes vulnérables, des personnes âgées,  à la fois à domicile et dans les maisons de retraite et les hôpitaux. Mais aussi dans les magasins et les emplois d’entretien…

Les femmes faisaient partie de l’armée de travailleuses dont les emplois se sont avérés vraiment essentiels  face aux emplois de cols blancs, qui ont télétravaillé et parfois doublé leurs salaires.

Malgré cet effort collectif, les femmes ont été pointées du doigt par certains médias bourgeois et par la droite comme responsables de la propagation du virus lors des manifestations du 8 Mars sous Covid 19 (en Espagne par exemple). Personne n’a accusé les milliers d’hommes le 8 mars 2020…, qui sont allés au foot ou ont rempli les bars.

Toujours payées aujourd’hui un quart en moins, concentrées sur les emplois moins bien rémunérés et à temps partiels, les femmes sont de plus en plus nombreuses à ne pas pouvoir boucler les fins de mois et garantir leur indépendance économique.

Avec des salaires plus faibles et des carrières hachées du fait de la prise en charge des enfants et souvent des parents, les femmes touchent déjà aujourd’hui une pension en moyenne inférieure de 40% à celle des hommes. Reporter encore l’âge de départ, alors que nous sommes nombreuses à partir en retraite avec une carrière incomplète dégradera encore notre situation. Bref, nous refusons de travailler plus pour gagner moins !

Tout au long de ces mois de pandémie, les cas de violences sexistes se sont multipliés du fait de la tension du confinement et les femmes prostituées ont subi une fois de plus l’abandon social et le visage le plus amer du patriarcat et du capitalisme.

Il se peut que nous décidions d’étendre notre rage au-delà de la critique des « réformes » en cours (retraites, chômage…), que nous confirmions que le problème ce n’est pas tant l’âge du départ à la retraite, que le travail lui-même et surtout le monde d’exploitation et de domination dans lequel nous sommes plongées. Bref renouer avec cette vieille idée de révolution sociale et libertaire. Avec ces dimensions écologique et féministe qui s’imposent de plus en plus dans le débat public.

Depuis des années, les féminicides n’arrêtent pas ; le terrorisme machiste continue à tuer sans que les mesures appropriées soient prises. Certaines plaintes ne sont pas prises au commissariat. C’est un bilan sanglant à l’heure où nous écrivons ces lignes car les féminicides et les violences conjugales font l’actualité tous les jours. En France 121 féminicides en 2022, 48 en Espagne, 121 en Italie…Et la situation est bien pire en Afrique et en Asie.

Alors que la situation des femmes s’aggrave en Europe (plus de violences sexistes, plus de violences sexuelles, plus de chômage, baisse des salaires…) le mouvement féministe institutionnel fait débat dans les luttes de pouvoir des partis politiques qui se sont focalisés sur les femmes trans. Nous disons haut et fort qu’il faut mettre fin aux attaques et discriminations misogynes, racistes et LGBTQIAphobes. Celles-ci sont relayées par les discours de l’extrême droite et les réacs qui visent à diviser les gens.

Les anarchistes défendent un féminisme de classe non exclusif qui met l’accent sur la destruction de toutes les relations de pouvoir, y compris celles que les hommes ont historiquement exercées sur les femmes. Aucune société n’est libre si l’un de ses membres n’est pas libre.

Le 8 Mars n’est pas une fête. C’est une journée de revendications qui fait partie du mouvement syndical ou pas. Il est né en réponse aux conditions atroces que les ouvrières ont endurées et qui ont conduit à l’incendie d’une usine textile de New York en 1875, dans lequel 120 ouvrières sont mortes.

« L’origine de cette journée remonte au 8 mars 1857, où à New York, pour la première fois, des femmes travailleuses, des ouvrières de l’habillement manifestèrent pour leurs revendications », raconte ainsi le 26 février 1955 le journal France Nouvelle, cité par l’historienne Françoise Picq dans un texte sur l’origine du 8 mars. Mais la manifestation new-yorkaise censée être à l’origine de la Journée internationale des droits des femmes n’a… jamais eu lieu ! Encore un mythe à déconstruire…

Chacun y va de son couplet pour s’accaparer le 8 Mars : les suffragettes, les communistes…

Près de 150 ans plus tard, les conditions de vie auxquelles les femmes sont confrontées sont toujours très dures et injustes. Dans les supermarchés, les usines, les hôtels, les bars et les maisons, les travailleuses doivent s’organiser pour lutter pour leurs droits et mettre fin au patriarcat une fois pour toutes.

Ce 8 mars 2023 sera aussi l’occasion de montrer notre solidarité avec nos sœurs du monde entier, notamment les Iraniennes qui n’hésitent pas à braver l’obligation de porter le voile islamique, les Afghanes privées de liberté et d’éducation par les talibans ces religieux rigoristes et arriérés et les Kurdes prises en étau entre Daesch et Erdogan. Toutes ces soeurs subissent une remise en cause de leurs droits fondamentaux et  payent parfois de leur vie leur résistance acharnée à l’oppression. Nous soutenons de même nos sœurs ukrainiennes confrontées à une guerre cruelle et meurtrière dont un grand nombre vit en exil ou ont à affronter la peur des bombardements et les exactions des soldats russes : viols de guerre… Nous pensons à toutes les femmes qui souffrent sous toutes les latitudes.

A bas le patriarcat ! Vive l’Internationale !

Sterenn (56)